Bloguer au masculin pluriel

J’ai écrit un livre avec neuf autres collègues blogueurs qui traite du phénomène des blogues à travers le prisme de l’entrepreneur, «Pourquoi bloguer en contexte d’affaires». À chaque lundi du 3 septembre au 1er octobre, je publie ici un extrait du chapitre «Bloguer pour apprendre». Le texte sous l’hyperlien plus bas est une version longue et non révisée par rapport au manuscrit. Les internautes sont invités à commenter puisque le livre pourrait être enrichi par les conversations; on ne sait jamais si une deuxième édition sera nécessaire… Le bouquin est actuellement en prévente à 25$; il est possible de commander son exemplaire dédicacé à partir du formulaire en ligne.
L’extrait du 17 septembre dernier était: «Apprendre, savoir apprendre et entreprendre». L’extrait du 1er octobre prochain sera: «On a tous le même âge mais, pas en même temps».


Bloguer au masculin pluriel
Combien de fois ai-je entendu de la part des membres de la gent féminine qu’ils aimeraient bien que leurs hommes extériorisent un peu plus leurs sentiments? Sans nécessairement dire qu’en affaires, parler de ses émotions représente un gage de succès, force est d’admettre que les hommes ne sont pas réputés pour avoir beaucoup de mots quand vient le temps de nommer quelque chose qui passe de travers ou qui, à l’inverse, leur procure un grand bonheur. Curieusement, sur les blogues, plusieurs hommes trouvent les mots pour s’exprimer.
En interrogeant quelques adolescents et jeunes adultes, je me suis rendu compte que la désinhibition sur le Web sert beaucoup la cause masculine. Particulièrement sensible aux réactions non verbales des interlocuteurs en conversation face-à-face, les hommes affirment pouvoir aller au bout de ce qu’ils ont à dire sur leur blogue, «sans être interrompus», ce qui n’est pas négligeable… Autre phénomène observé : la reconnaissance sociale! Devenir «the talk of the town», sortir l’histoire qui fait jaser ou tout simplement, être bien perçu de ses clients ou de ses employés est aussi un puissant levier d’écriture (et de réussite) chez «l’homo erectus» (premier être terrestre à avoir domestiqué le feu) qui, avouons-le, vit souvent dans les yeux des gens qui l’entourent. Enfin, autre avantage pour l’homme d’affaires qui blogue est celui de se centrer un peu plus sur «comment il fait les choses». Réputé pour ne se concentrer que sur les résultats, plusieurs femmes réussissent bien en affaires en se préoccupant du processus, du «comment elles procèdent» et avouons-le, en tant qu’homme, la période actuelle est propice à une meilleure prise de conscience des éléments qui expliquent nos réussites ou nos échecs. Bloguer, c’est se donner le temps de porter une attention plus soignée au processus ce qui ne peut qu’enrichir «son homme», plus réceptif que jamais à intégrer certaines valeurs plus reconnues comme étant l’apanage de l’univers féminin…
La toile tout entière motive les garçons. Quelques spécialistes en éducation, dont Jean-Guy Lemery, Rachel Aubé, Bev Strachan et David Booth, pour ne nommer que ceux-là, ont documenté en quoi les différences d’ordre biologique et social entre les filles et les garçons change la donne en ce qui concerne les façons d’apprendre. J’ai constaté qu’en matière de littératie, les jeunes bénéficiaient énormément de pouvoir écrire en public sur les blogues scolaires. Je crois qu’on peut faire l’hypothèse que le même phénomène existe sur les blogues d’affaires. Le fait de pouvoir aller au bout de ses idées sans être constamment interrompu, de pouvoir se donner ses propres stratégies de révision, de pouvoir refléter dans le virtuel une image à la hauteur de ses ambitions porte chacun à mieux apprendre. Les gens qui bloguent écrivent davantage et respectent beaucoup plus la langue, après un certain temps de pratique carnetière. Ils lisent aussi davantage puisque le fonctionnement en réseau leur fait réaliser que la communauté valorise la qualité de la langue. Produire un travail pouvant être consulté par la planète entière produit un sentiment de travailler pour de vrai, crée le levier pour que chacun devienne demandeur de connaissances. En plus des collègues, de la famille professionnelle élargie, des connaissances et des amis, les internautes réagissent à ce que les hommes publient sur Internet… Se trouvant valorisé d’obtenir autant d’attention, pouvant aller davantage à son rythme et étant capable d’entrer en conversation, l’apprenant «garçon» (autant que l’homme d’affaires) comprend qu’il est le responsable de ses apprentissages et brise le cercle vicieux de la pensée magique qui porte les hommes trop souvent à croire que les difficultés qu’ils vivent ne sont pas de son ressort…
On dit souvent «qu’une femme qui a des couilles… c’est super, ça passe, c’est bien vu!» À l’inverse, «un homme qui donne le sein… c’est poche, ça passe mal, ce n’est pas bien vu!»
Ces deux assertions (qui sonnent mieux à l’oral qu’à l’écrit) démontrent qu’il va falloir travailler énormément pour que nous puissions aider les hommes à accepter la part de féminin en eux. Il me semble que les femmes ont davantage de renforcement positif qui les encourage à accepter la part de masculin en eux. Cette prémisse me paraît avoir des conséquences énormes sur les façons de faire qui aident (ou nuisent) aux apprentissages des garçons… et des hommes!

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