Le monopole du journalisme s’effrite de jour en jour

Au moment d’écrire un article sur la réorganisation des salles de presse des grands médias (sur CentPapiers), je constatais que l’analyse de Jeff Jarvis était limpide sur le sujet de l’interdépendance entre les blogueurs et les journalistes, entre le journalisme civique et celui des professionnels de l’information.
Par l’intermédiaire du Journaliste/chroniqueur/auteur Steve Proulx, je prends connaissance d’un billet de Patrice Lamothe qui prédit rien de moins que la fin de l’actualité. Un extrait:

«C’est que le monopole [du journalisme] était bien plus profond qu’on ne l’a souvent écrit. Ce n’était pas le seul monopole du choix, de l’ordonnancement et de l’interprétation d’information; car l’information n’existe simplement pas sans être choisie, ordonnancée et interprétée. C’était le monopole de la construction de l’information, c’est-à-dire de la construction du fait d’actualité, c’est à dire finalement la construction du concept même “d’actualité”.»

Entre le moment où la nouvelle survient et celui où on la rapporte dans un grand média, le journaliste s’alimente de plus en plus à des sources qui sont souvent des médias eux-mêmes. Contrairement aux anciennes sources qui étaient plutôt des informateurs ou des témoins qui ne disposaient pas du pouvoir de transmettre par eux-mêmes l’information, les nouvelles sources sont souvent publiques, dans ce sens qu’on peut prendre connaissance par le Web de ce qu’elles ont transmis (en tout ou en partie). Voilà qui explique probablement ce constat de la fin d’un monopole et du début d’une ère de coopétition entre des producteurs de contenu sur un Internet très participatif et des journalistes qui doivent s’ajuster au fait qu’assez souvent, leurs sources peuvent représenter « une sorte de compétition » (je mets de gros guillemets) pour les groupes médias dans lesquels ils travaillent.

Je me demande maintenant si les meilleurs «coopétiteurs» ne seront pas ceux qui obtiendront le plus de notoriété dans leurs sphères respectives. Je lis chez Eric Dupin (qui a fait l’objet d’un topo sur Paris Match) que ce qui a attiré l’attention du Match était les «sites ayant acquis, je [il] cite “une telle importance qu’ils alimentent les médias traditionnels”». J’entends déjà les patrons dans les salles de presse évaluer la valeur d’un bon réseau par les liens que les journalistes entretiennent par (et sur) le Web, auprès des blogueurs et des autres producteurs de contenu!

Tout cela sans compter l’émergence de nouveaux types de médias, «genre «Beatblogging.org»» dont je mentionnais l’existence sur CentPapiers. D’ailleurs, un commentateur rapportait aussi l’exemple de Oh My News, «un forum important, situé en Asie et diffusant dans deux langues»…

Mise à jour du lendemain: Un suivi chez narvic, et plusieurs réflexions prospectives!

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1 Commentaire
  1. Luc Papineau 14 années Il y a

    M. Asselin,
    Il ne faut pas confondre «journalisme d’enquête» et le journalisme qu’on voit de plus en plus depuis vingt ans dans nos médias.
    Le premier est en voie de disparition depuis longtemps. Et pour le type de journalisme d’enquête qu’on pratique parfois, il y a lieu de sourire.
    L’autre puise ses sources à même les relationnistes patentés (dont Internet devient parfois une extension) et les autres médias. On couvre souvent ce que couvre le compétiteur pour ne pas être dépassé. L’actualité se nourrit d’elle-même quand elle n’est pas créé par des organisateurs bien préparés.

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