À propos du conformisme et des écoles…

L’Infobourg et Martine Rioux me font l’honneur d’un éditorial ce matin, « Le conformisme dans les écoles, ça suffit! ».

J’assume totalement ce que j’ai dit devant plusieurs des participants au colloque Génération C. J’ai senti le besoin de cette sortie parce que plusieurs personnes m’ont encouragé dans ce sens, contrairement à il y a quelques années où le fait d’évoquer l’existence des filtres et du blocage d’Internet dans les commissions scolaires ne semblait créer aucune réaction.

Si j’ai lié ce sujet à la valorisation d’une culture du conformisme à l’école, c’est surtout parce que j’ai observé depuis toujours que ceux qui réussissaient le plus à l’école primaire et secondaire étaient ceux qui avaient le plus intégré dans leurs attitudes et leur comportement cette valeur. Plus tu te conformes en classe, plus tu écoutes, plus tu suis les consignes, plus tu gardes les rangs, plus tu agis en conformité avec ce qu’on attend de toi… plus tu as de bonnes notes et mieux tu es perçu par «le système». Moins tu t’affirmes, moins tu déranges, moins souvent tu t’éloignes de la ligne droite tracée devant toi, mieux «tu performes» dans ce système.

Pourtant, en dehors de l’école, sur le marché du travail, dans les arts ou les sports, en famille, «se conformer» en prenant le moins d’initiatives possible n’est absolument pas utile. En société, agir sans trop de discernement, «comme tout le monde», ça peut même te mettre en danger!

On veut former des gens autonomes et responsables pour le collégial et l’université, sans leur montrer comment s’affirmer. D’ailleurs, quand ils osent s’avancer avec un point de vue divergent, ils en paient souvent le prix par le reproche ou l’exclusion.
Je sais. Je ne fais pas dans la nuance avec ce commentaire. Il y a des exceptions.

C’est que j’en ai marre de ce système qui survalorise un comportement nuisible en société quand vient le temps de s’adapter. Trop de nos leaders sont de ceux qui ont refusé de rentrer dans les rangs… voire, ont décroché de ce système. Ne l’a-t-on pas remarqué?

C’est dit… et redit!

Mise à jour du 31 octobre: Autre coup de poing sur la table, cette fois en provenance de Carole Beaulieu de l’Actualité: «Bye-bye école du 17e siècle !»

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14 Commentaires
  1. Photo du profil de BrigitteBelzile
    BrigitteBelzile 13 années Il y a

    Vous ne pouvez pas imaginer comment j’adhère à votre discours sur le conformisme. J’ai été si longtemps la fille modèle qui performait bien en classe… sage et tranquille de la maternelle à la maîtrise. Quand je suis arrivée sur le marché du travail, je n’étais pas si différente. En fait, j’ai eu l’impression d’avoir deux vies : à la maison et au travail. J’existais dans la première et j’étais absente dans la seconde. Sans voix. Alors imaginez l’effort suprême que cela m’a demandé de créer un blogue professionnel (pas de problème avec mon blogue familial qui existe depuis 2007). Et lors du Colloque de la Génération C, gazouiller à quelques reprises et même annoncer mon blogue! Je tente de briser ce conformisme inscrit depuis 35 ans dans mes cellules grises!
    Le programme PROTIC où sont mes enfants leur laissera, j’espère, un meilleur héritage éducatif que le mien!

  2. Photo du profil de BertrandLesmerises
    BertrandLesmerises 13 années Il y a

    Je suis désolé M. Asselin de vous contredire un peu. Ce n’est plus maintenant que l’école où on demande de se conformer au système. C’est maintenant rendu dans le monde du travail. Je suis très curieux de voire comment l’intégration des jeunes d’aujourd’hui se fera dans 2 à 3 ans.
    Ces jeunes qui sont maintenant habitué d’avoir à portée de main leurs réseaux social quand on sait très bien que ces outils ne sont pas admis dans le monde du travail. Belle guerre en perspective. Voilà un mouvement de fond qui risque de faire des vagues.
    Il faut voir aussi sur internet, la récente décision du gouvernement belge de rester avec Internet Explorer 6.0 parce que c’est le navigateur reconnu par les TI.
    Tout çà n’est pas du conformiste… Si c’est le cas, je dois dire que je ne comprend plus.
    À quand, il sera possible d’innover et d’évoluer ????

  3. Photo du profil de MariellePotvin
    MariellePotvin 13 années Il y a

    Je trouve rafraîchissant de vous lire, et la réflexion que vous partagez au sujet du conformisme ne touche pas seulement le monde des communications Internet ou autres.
    Dans un billet récent, j’ai justement soulevé cette question du ‘faire comme tout le monde-en même temps que tout le monde…’, par le biais des programmes de lecture obligatoire en classe.
    On peut y lire quelques commentaires au travers lesquels la résistance est palpable.
    Les points sur les I :
    http://j.mp/Z52E6 a suscité 12 commentaires sur un blog encore tout jeune.
    J’ai aussi relaté une situation qui décrit l’absurdité du conformisme à outrance dans le billet By the book , que vous trouverez ici : http://j.mp/19hqh6
    C’est donc dire à quel point ce mal est généralisé…
    Au delà de ces doléances, il faudra bien promouvoir d’autres façons de faire…
    C’est parti, on dirait!

  4. Photo du profil de JacquesCool
    JacquesCool 13 années Il y a

    Tiens, ça me rappelle les paroles de Mickey 3D :
    « Les gens raisonnables n’ont pas la belle vie
    Ils regardent les gens pas raisonnables et bien souvent ils les envient. »
    😉
    Excellent billet et commentaires pertinents qui suivent.

  5. Photo du profil de Marc-AndreCaron
    Marc-AndreCaron 13 années Il y a

    Formé que je suis au conformisme, je suis déchiré chaque jour devant mes propres cours. Je me demande comment encourager… non, permettre à mes élèves de s’investir dans leurs apprentissages, comment leurs donner la liberté?
    J’ai un beau projet socioconstructivisme qui s’en vient, mais aucun laboratoire informatique pour faire des recherches, ceux-çi étant réservé au cours d’informatique (Photoshop) et au cours de PPO. Il me reste la bibliothèque, mais les jeunes ne sont plus là! (pour la recherche, pas pour la lecture!!!)
    Au Québec, nous n’avons pas les moyens de nos ambitions en éducations, lorsque ambitions il y a!

  6. Photo du profil de SylvainB
    SylvainB 13 années Il y a

    Pour faire du pouce sur le commentaire de Marc-André, c’Est vrai que les équipements suivent trop lentement (quand ils suivent un peu) dans les écoles. Me rappelle avoir dit il y a quelques années que les équipements informatiques du tiroir (enveloppes budgétaires ultra-fermées, svp) administratif étaient de beaucoup supérieur à ceux tirés du tiroir pédagogique…
    Comme quoi c’était à l’époque l’Administratif qui primait sur la pédagogie…
    Est-ce que la situation a vraiment changé ? Pas sûr… Pas partout… Pas en tout… Pas en totalité… Etc.
    MAIS on dirait qu’on arrive à un tournant !
    SAURONS-NOUS LE PRENDRE ?!? LÀ est LA question !

  7. Photo du profil de MarcSt-Pierre
    MarcSt-Pierre 13 années Il y a

    Mario,
    De tous temps, l’école a été un lieu de résistance. Et ce ne sont pas trois brins de fibre optique qu’on nous vend à trop gros prix qui vont venir à bout de ça. Unfortunately. L’école est faite et menée par des gens qui n’en sont jamais sortis. On s’est organisé pour que ce soit comme ça. Nous y sommes entrés, enfants, et y sommes restés, toujours. Conformistes, dis-tu ? Institutionnalisés, plutôt. Résister, c’est dans la nature profonde de l’école. C’est quasiment un mandat social: protéger l’institution. On est dans un univers, l’univers scolaire, où le meilleur c’est toujours avant qu’il est arrivé, c’est toujours hier que ça se passait. Chaque fois que tu parles de changer des choses, changer l’école, c’est comme si t’arrachais à la population des pans complets de ses archives personnelles: l’école telle qu’ils s’en souviennent. Le bon vieux temps. La grosse soupe originelle où on s’est tous construits et de laquelle on s’est extirpé pour aller peupler la terre. Un rite de passage.
    Y’en a qui fuient l’école publique, dans la mesure où ils en ont les moyens, parce qu’ils la trouvent trop perméables aux changements et aux modes. Ils préfèrent l’école privée qui fait l’apologie de ses traditions séculaires, de ses costumes, de son encadrement strict.
    Conformiste l’école ? C’est à la limite du pléonasme. Comment pourrait-elle ne pas l’être, c’est ce à quoi on s’attend d’elle. Hier, il y avait l’Index et les Imprimatur obligés, aujourd’hui il y a des firewall et des boîtes noires. Les curés sont partis, les filtres sont restés.

  8. François Bourdon, enseignant 13 années Il y a

    Évidemment, il n’y a pas que les technologies qui sont visées par le conformisme, mais j’aimerais poursuivre dans la même veine que Marc-André et Sylvain. La priorité, le premier argument lorsque vient le temps d’investir du côté technologique dans les écoles est le coût. Les $. Y a-t-il un argument moins pédagogique que celui-là? Pourtant, il arrive en tête de liste! Si seulement c’était le seul problème qui nous empêchait de progresser! Le juste milieu existe, messieurs! $ vs valeur pédagogique vs besoins.
    De plus, les moyens de coercition mis en place pour empêcher quiconque d’accéder à tel ou tel site, d’installer une application ou d’avoir une liberté quelconque sur les outils technologiques sont tellement nombreux qu’ils rendent ces derniers (achetés au plus bas prix) obsolètes avant même qu’ils soient mis à notre disposition…
    C’est pour cette raison que nous avons décidé de nous passer des dictats et de nous équiper, avec l’appui de notre direction, selon NOS critères et NOS besoins. Pas ceux d’un technicien qui n’a jamais mis les pieds dans une classe, ou qui a encore moins suivi ne serait-ce qu’un seul cours de pédagogie en lien avec les technologies…

  9. Daniel Trottier 13 années Il y a

    « Tout le monde veut un élève autonome, responsable, silencieux. Tout le monde veut de l’ordre et de la discipline. On veut que les jeunes fassent ce qu’on attend d’eux. Il existe un culte du conformisme dans les écoles. »
    Mon cher Mario, tu défonces une porte ouverte. Jamais on a vu autant d’enfants rois de parents rois qui s’affirment à gogo. Jamais on n’a vu autant de manifestations d’individualités, d’esprits « critiques » (ou « capricieux », c’est selon), alimentés par une attitude de clients consommateurs, qui voient le monde à travers leur petite bulle personnelle. Il est là le nouveau conformisme (en passant, tu n’ignores pas que le conformisme est un des traits caractéristiques de l’enfance et de l’adolescence; je ne comprends pas que l’on soit surpris que le système d’éducation soit moulé sur cette donnée fondamentale; relisons nos classiques du cours « Développement de l’enfant et de l’adolescent 101 »).

  10. Daniel Trottier 13 années Il y a

    Je relève ici deux idées reçues. D’abord la tienne, Mario : téléphones et ordinateurs portables + Twitter en classe – blocage d’Internet = non-conformisme. Ensuite celle de Marc Saint-Pierre, très à la mode en ce moment (je parle bien sûr de son idée reçue) : écoles privées + encadrement = retrait du monde. Si je vous ai bien compris, la modernité et l’originalité d’un individu ne se définissent qu’à travers son aisance technologique (ce que tu incarnes très bien toi-même) et son goût de la perméabilité sociale ne se concrétise qu’en choisissant l’école publique. Au fait, le conformisme, quand on travaille pour une entreprise privée, c’est quoi?

  11. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    Selon toi Daniel, je «défonce une porte ouverte»…
    Vraiment?
    C’est peut-être pour se protéger des «manifestations d’individualités» ou des «enfants rois de parents rois», mais franchement, je n’ai pas remarqué de grands changements de tendance dans les écoles du Québec ces dernières années. Je me répète: «Plus tu te conformes en classe, plus tu écoutes les consignes sans argumenter, plus tu gardes les rangs, plus tu agis en conformité avec ce qu’on attend de toi… plus tes chances de réussite dans « le système » augmentent. S’il y autant de portes ouvertes, elles doivent se trouver dans ton école mon cher…
    Je ne dis pas que les pressions sur l’école ne soient pas plus fortes que jamais pour qu’elles s’adaptent -et certaines y réussissent – mais des écoles qui axent leurs interventions sur l’affirmation plutôt que le «rentre dans le moule»… je m’excuse, mais elles ne sont pas légions.
    Pour ton deuxième point, j’ai dû mal me faire comprendre Daniel. J’ai lié la tendance conformiste des écoles au fait de bloquer certains sites Internet par le raisonnement suivant: on croit davantage à la censure qu’à l’éducation parce qu’on juge qu’il convient mieux de protéger tout le monde contre le méchant Internet que de croire en sa capacité d’intervention avec ceux qui l’utiliseront de manière inconvenante. Pour tous, la même intervention: on bloque… et les problèmes liés aux dangers des sites qui causent – parfois – problèmes n’existent plus car il n’est plus possible d’y accéder (quoique c’est un des beaux mensonges que de croire que les jeunes n’accèdent plus à ces sites de l’intérieur des murs des écoles). La responsabilité de l’école est ainsi limité à continuer de «bien bloquer» plutôt que d’éduquer aux nouveaux médias.
    Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas écrit. La présence des téléphones et des ordinateurs portables (tout en bloquant Twitter) ne représente pas automatiquement des signes de progrès ou de la présence d’une culture de l’affirmation. Ça pourrait aussi être un signe que l’école est trop permissive et n’assume pas ses responsabilités. Contrairement à ce que j’ai pu laisser entendre, tout ne se résume pas à laisser ou non l’accès. Je souhaiterais juste que les mesures d’encadrement ne se résument pas au blocage. Si c’est la seule réponse possible aux dangers liés à l’utilisation des nouveaux médias, je serai forcé de croire en 2009-2010 que l’école ne peut pas assumer sa responsabilité d’éduquer aux nouveaux médias, dont une des caractéristiques de la génération «C» est de les utiliser massivement, dans bien des contextes liés aux apprentissages et à la socialisation.
    Pour ce qui est de ce que Marc a écrit, ce n’est pas l’interprétation qui m’est venue. C’est trop facile de croire que modernité et aisance avec les technologies vont de pair. On peut être «moderne» de tellement d’autres façons… Et on peut rester «vieux jeux» en se montrant très ouvert aux technologies; suffit de continuer de croire aux vertus du «top-down» dans toutes les situations de gestion…
    Sur l’autre partie de ton assertion, il faudrait voir avec Marc, mais tu sais bien que je ne crois pas au raisonnement qu’il n’y aurait de «perméabilité sociale» qu’en fréquentant l’école publique.
    À ta question «le conformisme, quand on travaille pour une entreprise privée, c’est quoi ?», je répondrais simplement que ça arrive lorsqu’on accepte tout ce que le client demande et est prêt à payer 😉

  12. Daniel Trottier 13 années Il y a

    « Ça me tue que, depuis tout ce temps, on n’ait jamais valorisé la capacité de l’enfant à s’affirmer et à prendre sa place. C’est dangereux socialement. On se construit en apprenant à s’affirmer. Or, on n’a jamais laissé les jeunes parler. »
    Constat un brin calamiteux. Et pourtant. Le MÉLS, relayé par les conseillers pédagogiques et les profs de facs de sciences de l’éducation, a pourtant cherché depuis 10 ans à changer le cours des choses en imposant une réforme « centrée sur l’élève » (mon Dieu que c’était démagogique, quand on y repense). La grosse machine s’est mise en branle pour implanter partout cette fameuse conception socioconstructiviste de l’apprentissage. L’élève en projet, le « maître » devenu « coach », si ce n’est pas donner la parole aux jeunes, je ne sais pas ce que c’est. On a mis le paquet. Résultat?

  13. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    J’essaie de comprendre où tu veux en venir Daniel…
    Tout serait en place dans les écoles du Québec pour que «la parole soit donnée aux jeunes», mais les résultats ne sont pas au rendez-vous?
    J’ai tout faux et la culture que je dénonce n’existe pas? Je fabule?
    Allez Daniel… à part me dire que j’exagère et en profiter pour blâmer les efforts d’une réforme qu’on aurait enfoncé dans la gorge des gens, tu vois vraiment que notre système d’éducation fait tout en son possible pour former des jeunes autonomes et responsables?
    Tu peux me tourner en bourrique, mais tu me dois au moins quelques explications sur ta vision sur ces sujets. Sans ironie S.V.P.
    Je t’aurais choqué à ce point?

  14. Daniel Trottier 13 années Il y a

    Je ne cherche pas à tourner qui que ce soit en bourrique.
    Je crois que la culture du conformisme existe dans les écoles.
    Je crois que cette culture émane tout autant des parents et des enfants eux-mêmes que de ceux qui ont charge d’opérer le système.
    Je crois que la réforme a donné de l’allant au concept de l’enfant qui construit ses apprentissages, donc qui pend la parole, qui donne son avis, qui personnalise son cheminement. La notion de pédagogie différenciée pousse encore plus loin le bouchon vers l’enfant pris comme individu dans sa bulle, l’enfant qui développe son esprit critique et qui finit par façonner le système. Et, sur ce point, elle a produit beaucoup plus de résultats qu’on ne le croit. Rien à voir avec des enfants traumatisés ou qui étouffent pour cause de censure technologique.
    Eh oui, je crois que tu exagères en brossant un aussi sombre portrait. Je ne suis pas choqué pour autant. Je donne mon avis sur un blogue, c’est tout.
    Je crois aussi profondément que notre système d’éducation fait ce qu’il peut pour former des jeunes autonomes et responsables.
    Je crois enfin que se concrétisera la vision de l’apprentissage et de l’enseignement que tu préconises, nourris de technologies et de nouveaux médias. Question de temps et d’argent.

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