L’impact majeur sur l’autogouvernance de la profession enseignante par les enseignantes et les enseignants

N.B. Ce billet est issu d’une série de seize qui identifient des raisons de se doter d’un Ordre professionnel des enseignantes et des enseignants au Québec. L’auteur est René Larouche, professeur retraité de l’Université Laval ayant comme principal champ d’intérêt la sociologie des professions. Je lui offre cet espace de mon blogue parce que j’endosse son travail.
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La création d’un Ordre professionnel aura un impact positif majeur, entre autres, sur la prise en main de notre profession, sur notre autonomie professionnelle, ainsi que sur la reconnaissance et sur la valorisation de notre profession.
« Étant donné que de nombreuses difficultés et lacunes constatées par les enseignantes et les enseignants, sur le plan de leur autonomie et de leur reconnaissance professionnelle, persistent dans le système d’éducation malgré les efforts, notamment ceux du syndicat, pour y remédier depuis des années;
Étant donné que des situations problématiques et des conditions professionnelles inadéquates sont encore souvent constatées dans le réseau scolaire;
Nous sommes plus que jamais convaincus de la nécessité de doter la profession enseignante d’un Ordre professionnel, dans l’intérêt du public, mais aussi dans l’intérêt de l’exercice et de la reconnaissance de notre profession enseignante. D’ailleurs, cette démarche menée actuellement au Québec n’est pas unique : elle s’inscrit dans un mouvement général et traduit une tendance qui se manifeste, au Canada et dans plusieurs pays du monde, par la création récente d’Ordres professionnels pour les enseignantes et les enseignants syndiqués. »
L’amélioration du sort actuel et futur de la semi/quasi profession enseignante ainsi que des enseignantes et des enseignants passe par la création d’un Ordre professionnel qui en moderniserait la raison d’être, de même que certaines façons de faire.

« Il faut, quand même, aller de l’avant : il en va de l’avenir d’une profession qui mérite mieux que son sort actuel. » (Caldwell, Gary et Émile Robichaud : Qui a peur de la liberté? Le rapport Caldwell-Robichaud sur la place de la société civile à l’école. Drummondville, Les Éditions de l’Axe; 2000, p. 34)

« Les critiques, les consensus et les recommandations ne manquent certes pas dans le dossier de la modernisation de l’enseignement. Dès 1979, avec la publication du rapport du Comité d’étude sur la formation et le perfectionnement des enseignants, puis en 1988, avec les interventions de la Fédération des commissions scolaires du Québec et à l’automne 1991, avec la publication du Rapport annuel du Conseil supérieur de l’éducation et de deux documents de la Centrale de l’enseignement du Québec sur la condition du personnel enseignant et sur la réussite scolaire, nombreuses et pertinentes ont été les interventions des différents partenaires, qui ont porté sur les composantes de la profession d’enseignant et d’enseignante. » (Ministère de l’Éducation. Faire l’école aujourd’hui et demain : un défi de maître. Renouvellement et valorisation de la profession, 1992, p. 6)

La création d’un Ordre professionnel permettra la prise en main de leur profession par les enseignantes et les enseignants.

« L’enseignement au Québec est actuellement régi par au moins une douzaine de lois ou règlements et hyper contrôlé par une multitude d’intervenants. Du ministère de l’Éducation à la direction d’école, en passant par les universités, les commissions scolaires, sans compter les commissions et comités ministériels, une multitude de structures interviennent dans l’exercice même de l’acte professionnel d’enseigner. Dans les divers mécanismes ou structures existantes qui gèrent l’enseignement, les enseignants y sont soit absents, soit minoritaires et, tout au plus, consultés. L’Ordre professionnel des enseignants leur permettra d’assumer eux-mêmes la gestion de leur profession qui est actuellement hyper contrôlée par un grand nombre d’intervenants en éducation. » (Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec, La profession en marche , Bulletin d’information du CRIQ sur l’ordre professionnel des enseignantes et des enseignants au Québec. Numéro 2, mai 1998, p.2)

« Alors qu’ils constitueront leur Ordre professionnel, les enseignantes et les enseignants pourront enfin agréer les programmes de formation initiale dans les universités, ils pourront définir les politiques de formation continue ainsi que les programmes soutien à l’insertion professionnelle des nouveaux enseignants. Mais surtout, grâce à leur Ordre professionnel, les enseignantes et les enseignants pourront gérer leur profession, définir l’acte professionnel et les normes de pratique professionnelle de même que les politiques sur l’encadrement, l’évaluation et le soutien reliés à l’acte professionnel d’enseigner. La profession enseignante, en s’assumant elle-même, pourra alors atteindre sa véritable maturité alors qu’elle sera prise en charge par les enseignantes et les enseignants eux-mêmes, au sein de leur propre Ordre professionnel.» (Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec, La profession en marche , Bulletin d’information du CPIQ sur l’ordre professionnel des enseignantes et des enseignants au Québec. Numéro 6, mai 2001, p.3)

Avec l’Ordre professionnel, ce sont les enseignantes et les enseignants qui seront responsables d’autogouverner tous les aspects de leur profession dans le respect de leur compétence et de leur autonomie professionnelle qui seront ainsi officiellement reconnues.

« Les enseignants, qui seront dotés d’un ordre professionnel, pourront enfin gérer tous les aspects de leur profession dans le respect de leur compétence et de leur autonomie professionnelle qui seront ainsi officiellement reconnues. Exemples à venir :

  • Les plaintes à caractère professionnel contre des enseignants seront traitées uniquement par l’ordre professionnel des enseignants eux-mêmes.
  • L’ordre professionnel, regroupant et représentant les enseignants, sera le seul à pouvoir prendre des sanctions, de façon ultime, mais surtout à agir de façon préventive auprès des enseignants.
  • L’ordre professionnel définira clairement les limites de l’acte professionnel d’enseigner et des responsabilités véritables des enseignants; les plaintes farfelues seront donc rejetées et le nombre des plaintes diminuera. »

(Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec, La profession en marche , Bulletin d’information du CPIQ sur l’ordre professionnel des enseignantes et des enseignants au Québec. Numéro 6, mai 2001, p.3)

Un Ordre des enseignantes et des enseignants permettra de mettre fin à la tutelle sur la profession enseignante. Avec l’actuel statut quo : la profession enseignante est sous «une quasi» forme de tutelle Les enseignantes et les enseignants n’ont pas de pouvoir véritable sur leur propre profession qui est soumise à l’autorité et aux contrôles nombreux du ministère de l’Éducation, des universités, des conseils des commissaires et des directions des commissions et des établissements scolaires.

« Au cours des dernières décennies la profession enseignante et l’acte d’enseigner sont tombés sous la tutelle du ministère de l’Éducation, des commissions et des établissements scolaires, des universités et sous le poids de multiples lois conventions et règlements régissent l’exercice de la profession. La profession enseignante croule donc sous de multiples règlements, clauses et structures qui la régissent sans que le personnel enseignant n’ait d’autre droit et d’aide d’autre pouvoir que de s’exprimer dans des comités, des conseils des commissions, etc., là où les enseignantes et les enseignants concernés sont le plus souvent en minorité. »(Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec, La profession en marche , Bulletin d’information du CPIQ sur l’ordre professionnel des enseignantes et des enseignants au Québec, Numéro 6, mai 2001, p. 3)

Quelques exemples actuels :

  • « Des plaintes à caractère professionnel contre les enseignants sont traitées par le conseil des commissaires dans les commissions scolaires.
  • Les sanctions contre des enseignants, pour des motifs professionnels, peuvent donc être prises par des personnes qui n’enseignent pas ou qui n’ont même jamais enseigné.

Les limites des véritables responsabilités professionnelles des enseignants restant confuses, les plaintes contre les enseignants peuvent se multiplier dès qu’un mécanisme de plainte est instauré dans un milieu scolaire. » (Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec, La profession en marche , Bulletin d’information du CPIQ sur l’ordre professionnel des enseignantes et des enseignants au Québec, Numéro 6, mai 2001, p. 2)

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