Marie Laberge et Arlette Cousture prennent le taureau par les cornes

J’ai écrit plusieurs billets dans les derniers mois sur les défis que posent le commerce électronique et la montée du numérique pour tous les maillons de ce qui est convenu d’appeler « La chaîne traditionnelle du livre » (1, 2, 3, 4).

Pendant que le PQ et le PLQ tergiversent sur ce qu’il faudrait faire pour mieux supporter l’industrie du livre en général et les librairies indépendantes en particulier, le parti pour lequel je travaille et milite a au moins indiqué qu’une réglementation sur les prix des livres neufs constituait une fausse piste. Les magasins à grande surface ne constituent pas l’adversaire à abattre. L’industrie du livre doit plutôt miser sur l’innovation et plusieurs modèles sont possibles pour réussir le virage numérique.

Ces derniers jours, les auteures Marie Laberge et Arlette Cousture ont pris les devant et mis en place leur propre mécanisme de vente en ligne de l’édition numérique de certaines de leurs oeuvres. Certains ont parlé de trahison, d’autres ont fait l’hypothèse que cela pourrait mettre « l’écosystème [du livre] en péril ». Les réactions pleuvent (1, 2, 3, 4, 5, 6)… et il faut bien dire que depuis un passage à l’émission Tout le monde en parle où Marie Laberge a « viré son capot de bord » quant au prix unique du livre, l’industrie est en ébullition.

Ce matin à l’Assemblée nationale, la députée de Montarville a proposé l’adoption d’une motion sans préavis pour favoriser une action plus proactive du gouvernement envers le nécessaire virage numérique à prendre plutôt que de continuer de suivre la piste d’une réglementation stérile sur le prix unique des livres neufs. Elle se lisait comme suit :

« Que l’Assemblée nationale demande au gouvernement de prendre acte de l’initiative des auteures Marie Laberge et Arlette Cousture de vendre leurs livres [version numérique] à partir de leur propre site Internet, ce qui démontre que l’industrie du livre doit relever le défi du numérique. Que l’Assemblée nationale exige que le gouvernement n’adopte pas de règlement sur le prix unique du livre et qu’il soutienne plutôt les librairies indépendantes face au défi du numérique. »

La Coalition Avenir Québec n’a pas obtenu le consentement des autres partis pour l’adoption.

À la fin des consultations sur le projet de réglementation, il s’est avéré impossible de faire prendre position aux autres formations politiques – pour ou contre la réglementation – (sauf Québec Solidaire qui semble la souhaiter) ou de faire promettre au ministre de la Culture d’agir rapidement.

Il ne faudrait pas compter sur la Coalition pour balayer sous le tapis les problèmes des librairies indépendantes.

Je fais partie d’une équipe qui veut trouver des pistes de solutions aux problèmes de l’industrie du livre.

Il faut rappeler que le numérique n’est pas assujetti à la loi 51 sur le livre.

L’initiative de Marie Laberge et de Arlette Cousture qui consiste pour un lecteur, finalement, à contourner plusieurs intermédiaires pour se procurer la version numérique de leurs livres pourrait mener à plusieurs autres expérimentations. Rappelons que le commerce en ligne ne constitue qu’autour de 4% des parts de marché au Québec, même s’il représente un fort potentiel de croissance. Aux États-Unis, on parle d’autour de 30%. (Anecdote : l’édition électronique du livre de François Legault a une part de marché de 10% – source)

La « traditionnelle chaîne du livre » n’en est pas à sa première remise en question que ça vienne des auteurs eux-mêmes ou de d’autres intervenants. Le « politique » ne peut pas se contenter de regarder la parade, il doit faire partie des solutions, si possible, de concert avec tous les intervenants qui ne sont aussi aussi consensuels qu’on voudrait bien nous le faire croire.

À suivre…

N.B. Je serai présent au BookCampMontréal du vendredi 8 novembre 2013.

Mise à jour du 2 novembre : Au Devoir, « L’édition numérique est maintenant devenue réalité » et « Les librairies indépendantes serrent les rangs ».

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3 Commentaires
  1. […] Qui je suis ← Marie Laberge et Arlette Cousture prennent le taureau par les cornes […]

  2. […] et, bien entendu, j’ai eu l’occasion d’échanger des points de vue sur les innovations de Marie Laberge et d’Arlette Cousture autant que sur les coulisses entourant la tenue de la récente commission parlementaire. Plusieurs […]

  3. […] et « préservons la traditionnelle chaîne du livre »… « Car les démarches d’Arlette Cousture et de Marie Laberge suppriment les intermédiaires traditionnels entre […]

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