De la gratitude… et du coeur

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

Je viens de relire l’intervention de la députée de Joliette, Véronique Hivon, qui s’est exprimée vers 15 h 30 hier à l’Assemblée nationale, pour une dernière fois avant le vote historique sur le projet de loi concernant les soins de fin de vie.

« Je suis habitée d’un énorme sentiment de gratitude envers la société québécoise… »

Bien vrai. Nous avons pu bénéficier d’un climat propice à des échanges constructifs entre Québécois et à ce qu’il y a de meilleur, en terme de volonté d’arriver à un résultat consensuel, des politiciens du Québec.

Celle qui a piloté une grande partie de la démarche de ce projet de loi a aussi parlé de courage, de souffrance exceptionnelle, de personnes vulnérables et de coeur, surtout de coeur.

Si j’avais été député, j’aurais voté POUR l’adoption du projet de loi n°52. Parce qu’il était grand temps que des balises soient enfin adoptées concernant les soins de fin de vie. « Reconnaître la primauté des volontés relatives aux soins exprimées clairement et librement par une personne » me paraît être le moins qu’on puisse faire quand il s’agit « d’assurer aux personnes en fin de vie des soins respectueux de leur dignité ».

Si j’admets facilement la dissidence légitime de ceux et celles des 22 députés qui ont voté avec leur conscience, contre le projet de loi, je me réjouis qu’aucun ne se soit abstenu. Il fallait prendre position. Et tant mieux que le résultat n’ait pas été unanime.

Saurons-nous maintenant mieux libérer de la souffrance extrême ceux qui sont arrivés à la fin de leur vie? Je veux bien le croire. Et cette loi me paraît encadrer de manière responsable les soins qui deviennent nécessaires à ce moment.

Ce projet de loi provincial n’en est pas un sur le suicide assisté ou l’euthanasie. Je n’adhère pas à ce raisonnement qu’il s’agit obligatoirement d’euthanasie dès lors que le décès d’un grand malade n’arriverait pas, si ce n’était d’une intervention humaine volontaire.

De la gratitude, donc… beaucoup, envers notre société, québécoise, qui a permis pendant quatre ans et demi un débat constructif et un travail législatif non-partisan sur un sujet aussi délicat. Que de la reconnaissance envers tous les parlementaires.

« Il est difficile de se préparer à quelque chose dont nous n’avons jamais fait l’expérience ». (source)

Si on n’a pas à décider de la mort de l’autre, il existe maintenant, avec cette loi, de nouvelles limites qui nous aident à éviter de laisser l’autre à lui-même, dans le couloir de la mort.

Au seuil du grand départ, un être qui nous est cher a surtout besoin qu’on lui témoigne un amour inconditionnel. Je répète : inconditionnel. Il faut avoir accompagné un proche dans la fin de sa vie pour savoir jusqu’à quel point ce sont les yeux du coeur qui sont de meilleur conseil.

Au-delà des dispositions de la loi concernant les soins de fin de vie, il faut saluer l’exercice parlementaire exemplaire mené par des gens de coeur, sur un sujet grave qui en commandait beaucoup.

Avoir du coeur et éprouver de la gratitude, ce n’est pas d’avoir voté pour ou contre ce projet de loi. C’est concevoir qu’il soit possible en démocratie de vivre heureux dans une société dont les citoyens, au terme d’un débat bien mené, s’entendent pour respecter le résultat du vote et la loi.

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