L’évaluation des enseignants

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

La mise en place d’un mécanisme d’évaluation des enseignants(es) au préscolaire, primaire et secondaire doit bénéficier d’un contexte de collaboration entre les syndicats, les directions d’école et le ministre de l’Éducation. Mesure essentielle recommandée par un comité d’experts (Champoux-Lesage) dont le rapport a été déposé récemment, elle surgit dans l’actualité au moment où le ministre Bolduc est sur la sellette et c’est bien dommage.

En juin, j’ai félicité Yves Bolduc pour sa proposition visant à créer un Ordre professionnel pour les enseignantes et les enseignants. Comme il est mentionné dans cet article paru le 3 septembre dernier, la création de l’Ordre doit précéder la systématisation de l’évaluation des enseignants. Même si les syndicats sont sortis en force contre le ministre, rien ne nous empêche d’évoquer les avantages de cette bonne pratique en éducation…

Une politique d’évaluation des enseignants(es) poursuit normalement deux objectifs : elle vise à s’assurer d’un enseignement de grande qualité et elle contribue à promouvoir la formation continue. Plusieurs recherches démontrent qu’il existe un «effet enseignant» dans la réussite des élèves et on doit pouvoir s’assurer d’un développement professionnel optimal tout au long du parcours d’un enseignant(e).

Différentes formules d’évaluation des enseignants pourraient permettre, d’une part, à la direction d’une école de disposer de divers types de leviers comme outil de gestion du personnel. D’autre part, elles permettraient également aux enseignants de mieux cheminer dans la planification de leur carrière, notamment en ce qui concerne certains choix professionnels.

S’il n’est évidemment pas question de lier le salaire d’un enseignant aux résultats de son évaluation, il faut permettre à chacun(e) de pouvoir disposer des ressources pour s’améliorer quand on pointe certaines difficultés à s’adapter.

Au point de départ, faudrait-il relever dans les facultés universitaires d’éducation les seuils d’accueil des candidats à la profession d’enseignant?

Faudrait-il le faire en particulier sur la maîtrise de la langue française?

Une chose est certaine, au moment où un(e) enseignant(e) est accueilli(e) dans une école, la direction doit pouvoir compter sur des professionnels bien formés. Ensuite, trois facteurs peuvent influencer les pratiques d’évaluation:

  • Si un enseignant fait l’objet de plaintes, on doit pouvoir procéder plus rapidement à une évaluation systématique (de type enquête) de ses compétences professionnelles qui se distingue des pratiques «normales» d’évaluation.
  • Au moment où on considère l’insertion professionnelle terminée, on doit pouvoir obtenir un diagnostic précis. Autant pour guider le parcours professionnel dans une école que pour orienter la formation continue, un bon diagnostic permet à tous d’anticiper les choix à faire et de maximiser la réussite.
  • Épisodiquement, à des intervalles qui peuvent être régulés par l’enseignant ou la direction, il convient de prévoir un moment pour faire le point, à partir de critères connus et mesurables pouvant aussi impliquer une forme ou une autre d’autoévaluation.

Le processus d’évaluation gagne beaucoup en pertinence lorsqu’il est lié à un plan de formation continue et en ce sens, il convient de placer en avant les objectifs de développement professionnel. Lorsqu’on souhaite sanctionner le comportement d’un enseignant, on utilise peu ou pas l’évaluation. Comme on dit dans le jargon, à ce moment, on «monte un dossier». En ce sens, il ne faut pas négliger l’apport d’un Ordre professionnel qui est là pour protéger le public et assurer une maîtrise satisfaisante des compétences d’un enseignant, à travers le temps.

S’il faut se réjouir de la réaction des profs de français, par exemple, il faudra aussi mieux décoder la vive opposition syndicale qui s’est surtout manifestée pour envoyer un message politique dans l’opinion publique. Cette réaction un peu convenue est à relativiser, au diapason de la volonté des enseignants eux-mêmes, des associations professionnelles et des jeunes profs en particulier, qui souhaitent avoir du feedback, qui veulent recevoir de la formation continue et qui aiment avoir l’heure juste sur les balises qui président à leur cheminement professionnel.

Reste que tout ministre de l’Éducation qui se lancera dans l’élaboration de politiques structurantes en matière d’évaluation des enseignants devra le faire avec détermination et avoir les coudées franches. Un ministre sur la sellette a peut-être d’autres dossiers à régler avant d’entreprendre cette croisade, personne de sensé ne voulant qu’on brûle une excellente idée sur l’autel de l’opportunisme politique ou du populisme…

N.B. D’autres sources sur le sujet de «l’effet enseignant»,
– Table Éducation-Outaouais, l’effet enseignants
La gestion de classe au coeur de l’effet enseignant
L’effet-enseignant : ce qu’il est, ce qu’il n’est pas
Que disent les recherches sur l’“effet enseignant” ?

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