Diplômer l’échec

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

C’est ni plus ni moins ce que le ministre de l’Éducation Yves Bolduc envisage en entérinant la suggestion contenue dans le rapport sur l’offre de formation au collégial rédigé par monsieur Guy Demers (disponible ici).

Le chiffre de 15% des étudiants des cégeps qui n’obtiennent pas le diplôme d’études collégiales (DEC) parce qu’ils échouent l’épreuve obligatoire de français cache une autre réalité. Celle de tous ceux qui font des efforts particuliers dans l’apprentissage de la langue pour satisfaire aux exigences du test. Combien d’étudiants des cégeps améliorent leur maîtrise du français à cause de l’existence de ce test ?

C’est un très mauvais message que le ministre envoie actuellement. Seulement en ouvrant la porte à ce scénario de diplômer l’échec, il diminue la valeur qu’il accorde au DEC.

La Fédération étudiante collégiale est meilleure que le ministre pour protéger la valeur du diplôme et l’importance de la maîtrise du français. C’est quand même incroyable…

Pelleter par en avant, chez les employeurs, les problèmes de maîtrise du français de ces «1 000 étudiants par année» à qui on délivrerait un diplôme malgré l’échec ne semble pas indisposer le ministre.

À vous de jouer, employeurs… le système d’éducation n’a pas été en mesure d’agir malgré toutes ces années où ces candidats étaient dans nos institutions à apprendre le français.

C’est en amont, au primaire et au secondaire que la formation doit être rehaussée. Et les cégeps doivent pouvoir continuer de supporter les étudiants chez qui subsistent des difficultés.

D’ailleurs, suivant la logique du ministre (et de M. Demers), va-t-on éliminer tout ce qui est obligatoire à réussir au secondaire sous prétexte qu’on empêche des jeunes d’obtenir leur diplôme d’études secondaire, ce qui représenterait un «gaspillage de ressources humaines après avoir tant investi dans la formation de nos jeunes» ?

L’échec fait partie de l’apprentissage. Les échecs sont formateurs.

Je n’ai pas de problème avec l’échec, c’est souvent l’occasion d’une remise en question, d’une introspection, d’un retour en force. Les étudiants du collégial semble l’avoir compris, pas le ministre.

S’il accepte de diplômer l’échec, Yves Bolduc enlèvera aux études collégiales une grande richesse dans la chaîne de valeur de ce niveau d’enseignement.

Un recul potentiel que les cégeps vont grandement regretter…

Mise à jour du 27 octobre : Éditorial de Antoine Robitaille au Devoir sur le sujet.

Mise à jour du 28 octobre : Bolduc souffle le chaud et le froid.

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