Conseil du trésor cherche État plus moderne

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

J’ai écouté très attentivement le point de presse d’hier de Martin Coiteux, le président du Conseil du trésor. J’étais intéressé à entendre comment le gouvernement Couillard se proposait de «rénover l’État québécois» pour en faire un État «moderne et adapté au 21e siècle».

Je suis de ceux qui croient que l’État a pris des proportions démesurées. J’adhère à la prémisse que le 10,6 milliards $ de paiement en 2014-2015 de notre dette d’autour de 200 milliards $ hypothèque grandement notre marge de manoeuvre budgétaire. Après le budget de la santé, c’est un des plus gros poste budgétaire que celui du paiement de la dette.

J’aime l’idée que le gouvernement fasse du ménage dans sa propre cour.

Puisque la rémunération représente 60% des dépenses de programme, je conçois que pour réduire la structure de l’État on doive passer par une réduction des effectifs, c’est logique.

Là où je ne suis plus, c’est quand on associe la «réduction des effectifs» à «qui ne peut pas être inférieure à 2 %».

Pourquoi «ce minimum de 2%» ?

Pourquoi pas un ajout d’effectifs là où c’est essentiel et une diminution de 5% là où on ne performe pas bien?

C’est comme si on ne cherchait que l’argent et pas vraiment d’améliorer la gestion de l’État.

Nous sommes en pleine révision des programmes. Un comité permanent vient d’être mis sur pied par le gouvernement pour le conseiller sur quels programmes ne performent pas bien et quels autres donnent leur plein rendement. Un premier rapport a été déposé qui a trouvé 2,3 des 3,2 milliards $ recherchés pour revenir à l’équilibre budgétaire.

François Pouliot en fait une critique qui me plaît.

Suite à un passage dans la gestion des affaires publiques de l’État, d’une gestion axée sur les intrants à une autre axée sur les résultats, je me serais attendu à ce qu’on élimine les programmes qui ne passent pas le test de l’évaluation de la performance. À tout le moins qu’on diminue l’importance des ressources qui leurs sont allouées.

Dans un document très bien construit, Pierre Cliche explique bien Où en est le Québec dans son implantation de la gestion et de la budgétisation axées sur les résultats. Pourquoi dans la présente opération applique-t-on une mesure paramétrique d’un minimum de 2% en coupure d’effectifs alors que théoriquement on a tous les outils qu’il faut pour bien évaluer les programmes et éliminer ceux qui ne donnent pas les résultats attendus ?

Notre gouvernement souhaite pouvoir composer avec une gestion plus moderne de l’État. Il le dit par le biais du président du Conseil du trésor, mais il semble hésiter à appliquer les principes de gestion qui viennent avec la mise en place de cet État moderne.

Cet extrait de la page 23 du document de Pierre Cliche le démontre bien…

Une déconnexion de la performance et du budget
Budgétisation et gestion axée sur la performance sont, au Québec, des opérations peu liées, que ce soit dans le contenu ou dans la forme. L’information issue de l’une ou de l’autre n’est pas établie sur la même base et est traitée par des autorités différentes dans des cycles mal synchronisés et mal connectés, de sorte que la budgétisation québécoise est insuffisamment « informée » de la performance et n’en tient pas compte autant qu’elle le devrait. La planification stratégique relève du ministère du Conseil exécutif, alors que la planification budgétaire est du ressort du Conseil du trésor, les deux ne s’étant pas donné une structure concordante de présentation des informations ni des échéances qui permettent leur intégration. Le résultat de la déconnexion du budget et de la performance est une budgétisation qui ne tient pas compte des objectifs stratégiques et des cibles annuelles poursuivis par chaque organisation. Les choix de priorités budgétaires n’incorporant pas les données de performance certaines allocations sont insuffisantes ou mal orientées et ne soutiennent pas adéquatement les ministères et organismes concernés.

Je veux bien qu’on se dote de cible de réduction d’effectifs, mais tant que les décisions ne se basent pas sur l’évidence construite par les données et les résultats de l’évaluation de performance des programmes, on risque de tourner en rond et de s’éloigner de l’objectif recherché de se doter d’un État moderne.

Pourquoi la présentation d’hier en point de presse ne s’appuie pas davantage sur les données et sur l’évidence ?

Un gouvernement plus moderne est une organisation qui utilise efficacement les données dont elle dispose pour offrir les services essentiels et ainsi permettre une allocation de ressources plus efficiente. Ça passe par une meilleure gestion de l’information gouvernementale. Loin de représenter un défi technologique, s’en est un de gouvernance et de transformation organisationnelle.

C’est ce à quoi je me serais attendu hier, en point de presse.

Distinguer ce qui fonctionne de ce qui ne fonctionne pas et d’agir en fonction de ces connaissances est le défi des États modernes.

Les annonces d’hier ne sont pas de nature à nous indiquer un virage vers cette recherche de sens dans la gestion plus efficace des services publics d’un État moderne.

N.B. On peut retrouver le point de vue de mes collègues blogueurs sur le site du Journal.

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