Bien sûr qu’elle est terminée, la course au PQ

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

En se retirant de la course à la chefferie du Parti québécois (PQ) sous prétexte que le résultat final est déjà connu, Jean-François Lisée continue de sérieusement embêter Pierre Karl Péladeau (PKP).

L’ex-ministre des Relations internationales du gouvernement Marois a encore fait les choses en grand, hier. En plus de complètement éclipser le dépôt du bulletin de candidature officielle de Bernard Drainville, il se commet dans des déclarations qui portent ombrage au nouveau chef et conséquemment, à la capacité de son parti de se relever de sa défaite du 7 avril 2014.

On se souvient de la poignée de main forcée de l’ancien conseiller de Jacques Parizeau et Lucien Bouchard avec PKP au lendemain de sa première fronde de la course à la direction où il affirmait que les actions détenues dans Québecor du député de Saint-Jérôme «représentaient un danger pour l’avenir du PQ». En s’opposant ainsi à celui que plusieurs voudraient plébisciter, il devenait source de malaises et de divisions au sein du caucus péquiste, ce qui faisait dire à Louise Beaudoin qu’il était « cuit » au Parti québécois.

Le député de Rosemont a quitté la course en passant ses messages, ajoutant de la matière à réflexion…

«Le Parti québécois veut vivre son moment Pierre Karl Péladeau jusqu’au bout»

Le choix de l’expression « moment Péladeau » pour nommer la période dans laquelle le PQ entre, n’est pas banal. Il voudrait induire que le règne de PKP sera bref qu’il ne ferait pas autrement. Après tout, un « moment », c’est utilisé pour décrire une passade, un interval de temps plutôt court, non ?

«Politiquement, la bataille est terminée»

Réputé fin stratège, Jean-François Lisée avait recueilli les 2 000 signatures et les 10 000 $ exigés pour souscrire aux exigences du PQ et se qualifier comme candidat officiel. S’il abandonne la lutte avant qu’elle n’ait officiellement été ouverte, ce n’est pas parce que la victoire est hors de portée. Antoine Robitaille rappelle ce matin qu’à la fin du mois d’août, «à ceux qui prédisaient une victoire assurée à Pierre Karl Péladeau, il rétorquait : « Ceux qui pensent que les chiffres d’aujourd’hui sont les chiffres du résultat se trompent quatre fois sur cinq »».

S’il abandonnait vraiment la course parce qu’une majorité de membres du PQ avait déjà choisi PKP, il faudrait en déduire qu’il ne sert plus à rien de lutter pour que le Québec se donne un pays. Souvenons-nous que dernièrement sur son blogue, Lisée affirmait qu’il n’existait qu’un «socle de 28% de souverainistes solides». Est-ce à dire qu’il appliquerait pour l’accession à la souveraineté cette même stratégie du retrait ?

Dans ces circonstances, comment interpréter les propos de l’ex-premier ministre Bernard Landry qui affirme lui également que «la course au PQ est terminée» ? Si Jean-François Lisée avait vraiment choisi de «favoriser le parti et la patrie» plutôt que «son intérêt personnel» – comme le dit M. Landry, il n’aurait pas choisi de quitter la course à ce moment-ci sans poursuivre énergiquement son combat contre PKP.

Se sachant isolé dans le parti, il aurait rendu un bien meilleur service au candidat Péladeau en continuant de le challenger puisqu’en se retirant, il sait bien que personne d’autre ne prendra le relai sur ce front. Pierre Karl Péladeau a besoin de prendre de l’expérience dans une vraie bataille et il n’y aura pas droit.

Politiquement, LA bataille de Jean-François Lisée était terminée.Celle que le PQ aurait dû connaître aurait eu avantage à se poursuivre avec Lisée à bord. Pierre Karl Péladeau et le PQ auraient eu grand besoin de la présence de Lisée dans cette course. Lisée quitte parce qu’il ne voit plus son intérêt personnel à continuer, point.

«Ce n’est pas que je me rallie, ce n’est pas que j’approuve, ce n’est pas que je cautionne, c’est que j’accepte cette réalité politique»

Je ne peux pas croire que Jean-François Lisée ait renoncé à diriger un jour le Parti québécois.

Avec tout ce qui s’est passé dans les derniers mois, on peut difficilement croire qu’il « fait partie des plans » de PKP.

Lisée se retire avant de trop en faire pour se mettre à dos des gens dont il risque d’avoir besoin plus tard.

Il envisage de terminer son mandat comme député de Rosemont. Et «peut-être plus», confiait-il à Sébastien Bovet. Cela étonne davantage.

Ses déclarations induisent que le règne Péladeau au PQ sera court – « un moment ». Son calcul serait donc qu’il a intérêt à rester proche.

Ce ne sera pas facile pour lui de retenir ses déclarations dans les prochains mois, mais l’idée de se faire expulser du caucus pourrait lui servir de motivation.

Il me semble qu’il aurait été plus à l’aise hors de l’action partisane quotidienne, un peu comme Pauline Marois avait fait après que André Boisclair ait remporté la chefferie en 2005.

PKP tient mordicus à ne pas vouloir gouverner une province, Jean-François Lisée n’a rien contre. Il se dit peut-être qu’il n’a pas intérêt à s’éloigner…

Mon collègue blogueur Mathieu Bock-Côté croit que Lisée renonce dans la dignité.

Je ne suis pas de son avis.

Il s’est sorti de la course pour ne pas donner à Pierre Karl Péladeau le challenge qu’il aurait mérité.

Si je ne doute pas de sa volonté à poursuivre sa quête du Québec-un-pays (il ne fait pas parti des « pressés »), il a choisi le retrait de cette course plutôt que de continuer à affirmer clairement sa dissidence d’un PQ dirigé par PKP.

Il rentre faussement dans les rangs.

Je ne vois rien de très digne dans ce comportement.

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