Qui sommes-nous?

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

L’offre télévisuelle du dimanche soir était particulièrement abondante hier, puisque étaient présentés simultanément, la remise des Oscars, les premiers Duels de La Voix III, un autre épisode de la saison 5 de la série Downton Abbey et l’émission Tout le monde en parle du 22 février. L’un des invités de Guy A. Lepage, l’unique Roy Dupuis, est venu présenter le documentaire L’empreinte, «une enquête sur les premiers colons arrivés de France». À cette occasion, les spectateurs qui avaient syntonisé une autre chaîne que ICI Radio-Canada ont manqué des échanges profonds où il a abondamment été question de métissage culturel et de l’identité des Québécois. Le parcours professionnel du comédien qui a incarné plusieurs rôles marquants au théâtre, au cinéma et à la télé a été le prétexte d’un témoignage bien senti sur la langue du bois… une rencontre beaucoup plus importante avec l’accent des Premières Nations que ce qu’on nous aurait enseigné à croire.

Il faut dire d’entrée de jeu que c’est davantage le citoyen Roy Dupuis que l’acteur qui était présent sur le plateau, hier soir. En très grande forme, celui qui est originaire d’Amos en Abitibi a donné un ton extrêmement dynamique à l’entrevue qui a débuté par l’écoute de la bande-annonce du film.

Le documentaire L’empreinte a été présenté en première québécoise le 27 octobre dernier au Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. De plus, deux projections ont déjà eu lieu aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal en novembre 2014. La sortie en salles est prévue pour le 13 mars 2015 à la Maison du cinéma (Sherbrooke), au cinéma le Clap (Québec) et au cinéma Beaubien (Montréal). D’autres salles pourraient s’ajouter.

L’extrait d’un peu plus d’une quinzaine de minutes de l’émission d’hier soir de Tout le monde en parle mettant en vedette Roy Dupuis démontre que la question de notre identité est loin d’être complètement résolue. Ayant fait un séjour en France – la mère patrie de plusieurs d’entre-nous – l’invité particulièrement volubile de Guy A. raconte qu’il en était venu à constater qu’il n’était pas Français. La France, société hiérarchique bien établie et dont on respecte autant d’en haut que d’en bas ce caractère distinctif ne nous ressemblerait pas, nous Québécois.

Il faut écouter le passionnant récit de Roy Dupuis, après qu’il se soit demandé: «Si je ne suis pas comme eux, je viens d’où?»

Au fil des nombreux entretiens avec les anthropologue Serge Bouchard et Nicole O’Bomsawin, auprès de l’historien Denys Delâge, de la poétesse Joséphine Bacon et de la juge Louise Otis, on comprend du témoignage d’hier soir que la civilisation autochtone nous a beaucoup plus influencé qu’on pourrait le croire.

«Au niveau de la justice, de la façon dont on élève nos enfants, de la place de la femme, dans la société, on est beaucoup plus près du cercle, qui est la base de la société amérindienne que de la pyramide, souligne Roy Dupuis» (source).

Nous serions de fait, très proches des sociétés amérindiennes où la pensée circulaire domine. On apprend dans le document à se réconcilier avec les 150 premières années de la Nouvelle-France qui «ont été bien plus indiennes que catholiques», sous l’influence de «Champlain et des siens [qui] ont fusionné avec les Premières Nations bien plus qu’on le croit, et ce, tant par la chair que par l’esprit» (source).

Bref, les colons se seraient ensauvagés bien davantage qu’on ait pu faire «d’un Sauvage», un Français.

On apprend du récit de Roy Dupuis que Champlain se devait de créer une alliance avec les amérindiens en Nouvelle-France. Nos ancêtres ont pu s’installer, à condition de marier «nos» femmes (du point de vue des amérindiens) et de faire des enfants. Cela a duré au moins 150 ans, jusqu’à la conquête…

L’héritage amérindien insoupçonné des Québécois est donc au coeur de ce documentaire qui redéfinit l’identité métisse du Québec; «le fil du fléché» y serait ainsi retrouvé.

«L’empreinte se célèbre par l’explosion d’un rire contagieux conviant les Québécois issus de ces «gens libres» à se souvenir de leur enracinement historique, culturel et ethnique dans le grand peuple métis encore largement méconnu, dont les voyages au chant de l’aviron se veulent peut-être l’écho d’une véritable identité à redécouvrir et à partager avec tous.»

Je vous invite à vous présenter nombreux aux représentations du documentaire des Productions ISCA.

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1 Commentaire
  1. […] ne me doutais pas après avoir écrit un premier billet sur le film que je serais autant habité par le visionnement. Deux fois plutôt qu’une, […]

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