Quand l’exception devient la règle

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal sous forme de chronique dans les éditions papiers, dans le contexte d’un débat: «Les congés de maladie font-ils partie de la rémunération globale?».

Dans un courriel rapporté récemment par le Journal qui a circulé à travers la fonction publique, «madame Bonheur» (surnommée ainsi par Michel Hébert) a raconté sans gêne comment l’arnaque des congés de maladie accumulés l’avait aidée à anticiper sa retraite bien méritée. Un message qui survient à un bien mauvais moment!

J’ai côtoyé bon nombre de salariés de l’État. Des professionnels qui ont le cœur à la bonne place. On a généralement tort de casser du sucre sur le dos de la fonction publique québécoise dont l’expertise est précieuse.
Cela dit, certains profitent de largesses qui n’ont pas de raisons d’exister. Je ne parle pas de la possibilité de se prévaloir d’un congé quand on est malade, mais du fait de pouvoir les accumuler si on ne l’est pas. Et ne me parlez pas du concept alambiqué de la rémunération globale.

Dans la tête des Québécois, un congé de maladie est censé prévoir le moment hors de l’ordinaire où on ne peut se présenter au travail, incapable de l’accomplir.

Puisque la convention le permet
L’actuelle demande patronale vise à mettre fin au cumul des congés de maladie non utilisés par les fonctionnaires. L’idée qu’on puisse se constituer une banque de congés en se comportant normalement (aller travailler quand on n’est pas malade) est dépassée.

On donne dans la langue de bois syndicale quand on tente de justifier cette pratique, surtout au moment où on retourne toutes les pierres pour trouver des économies.

Le récent message de «madame Bonheur» crée un malaise parce qu’il est associé à cette manie des profiteurs du système de se prévaloir de tout ce qu’ils peuvent tirer des conventions collectives. Des clauses prévues pour l’inattendu se transforment en principe général et en droits acquis.

L’allocation de transition
Un ministre démissionnaire qui se prévaut d’une «prime de départ» sachant très bien qu’un emploi rémunérateur l’attend transforme en cynisme la clause prévue pour combler un besoin que pourraient avoir certains qui partent.

L’ex-ministre Bolduc et «madame Bonheur» sont mis dans le même panier percé du buffet à volonté que des «serviteurs de l’État» prennent pour un dû.

Les élus doivent donner l’exemple
La proposition gouvernementale pour changer le salaire des députés est la conséquence directe de l’inconséquence de l’ex-ministre de l’Éducation. Il aurait pu suivre l’exemple de Christian Dubé et d’Élaine Zakaïb. En se prévalant à répétition de toutes les primes permises, Yves Bolduc a donné une couleur politique à la nécessaire remise en question du mode de rémunération des élus.

Le gouvernement négocie actuellement avec les 400 000 employés de l’État. La population est en grande partie convaincue du bien-fondé d’un retour à l’équilibre budgétaire en 2015-2016. Augmenter le salaire des députés, même si c’est à coût nul pour l’État, va donner des munitions à ceux qui affrontent le gouvernement. Ils vont se servir de la partie du message qui fait leur affaire pour gonfler leur argumentaire.

Toute augmentation du salaire des députés, si légitime soit-elle pour tenir compte des recommandations du rapport L’Heureux-Dubé, doit être liée à l’atteinte de l’équilibre budgétaire.

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