Une manif ne fait pas le printemps

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

La tension est palpable sur certains campus universitaires. La Place Émilie-Gamelin a recommencé à accueillir son lot de jeunes citoyens masqués. Les bulletins de nouvelle en continue rapportent ici et là qu’une manifestation vient d’être déclarée «illégale». Mais de là à ce qu’on parle d’un nouveau printemps érable… faudrait pas exagérer non-plus.

Tout comme une hirondelle ne fait pas le printemps, il ne faut pas se fier trop vite aux apparences: le mouvement de grèves sociales de ce début d’année 2015 a bien peu à voir avec le concert de protestations de 2012.

Et c’est justement parce que plusieurs des événements du printemps 2012 ont été spectaculaires que la plus petite des montées de fièvre du mouvement étudiants fait croire à une réplique.

L’ambition de certaines associations étudiantes est certes de nous ramener dans ce climat d’affrontement en pleines rues, mais plusieurs signes ne trompent pas.

À commencer par le sujet du litige de cette année: l’austérité.

Au printemps 2012, l’augmentation des droits de scolarité dans les universités était sur la table et les leaders étudiants exigeaient de négocier, ce que le gouvernement Charest a dû faire. D’aucuns prétendaient que le conflit était utilisé par Jean Charest comme prétexte pour déclencher des élections générales et qu’il n’y avait pas vraiment eu de recherche de solutions négociées. Il n’en demeure pas moins que des séances de négociation avaient bel et bien eu lieu entre les leaders étudiants et le gouvernement.

En 2015, non seulement les demandes des étudiants sont floues, mais personne ne revendique de négocier. Il n’y a pas de rencontre possible pour négocier entre ceux qui convoquent les manifestants dans la rue et le gouvernement puisqu’il n’y a pas de demandes précises, ni d’appel à négocier.

Les observateurs répètent à chaque jour que les syndicats de travailleurs n’appuient pas actuellement la démarche des quelques associations qui ont tenu des votes «de grève» étudiante. Les conventions collectives dans les secteurs public et parapublic sont venues à échéance le 31 mars dernier et les négociations pour les renouveler viennent à peine de commencer. Normal qu’on ne puisse pas monter aux barricades avec les étudiants.

En avril 2012, il y avait plus de 300 000 étudiants en «grève générale illimitée». Actuellement en avril 2015, les mandats «de grève» qui venaient à échéance le 2 du mois touchaient un peu plus de 30 000 étudiants. Il y a bien peu de similitudes entre les deux printemps…

Cela dit, il est bien possible que certains campus universitaires continuent de vivre de la turbulence et peinent à compléter la présente session d’études. Certaines associations étudiantes vivent très bien avec le fait de ne pas avoir de demandes précises, de ne pas avoir l’appui des syndicats de travailleurs et de n’avoir rien à négocier. Elles recherchent l’affrontement avec le gouvernement, par conviction!

C’est d’ailleurs ce qui faisait écrire à Alain Dubuc récemment que «la seule issue politique acceptable pour le [ce?] mouvement étudiant, ce serait que Philippe Couillard cède son poste à Françoise David». On est loin du début du commencement d’une telle possibilité…

Le repli stratégique s’impose, mais quand on ne cherche pas vraiment des gains concrets, les avantages d’un recul pour mieux revenir ne passent pas pour évidents.

Les nouvelles d’aujourd’hui en provenance du congrès de l’ASSÉ sont à l’effet que l’exécutif ait démissionné en bloc, hier, «des désaccords sur la stratégie et le moment de la mobilisation» étant en cause.

Peu importe, ce printemps 2015 ne ressemblera en rien à celui qui avait montré que les étudiants tenaient en eux une très grande force de mobilisation sociale.

Au mieux, la démonstration de 2015 risque de s’avérer anecdotique, idéologique et confuse.

Le capital de sympathie pouvant bénéficier aux étudiants est énorme.

Attention ce printemps de ne pas agir de manière à le diminuer de manière importante.

Le printemps 2015 pourrait ainsi s’avérer très «désagrÉRABLE».

Mise à jour: Comme l’écrit le journaliste Thomas Gerbet… «Un exécutif destitué [de l’ASSÉ] a démissionné ou un exécutif démissionnaire a été destitué. En tout cas, il n’est plus là.»

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