Faire avancer des idées

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

J’ai attentivement écouté les points de presse de chaque formation politique représentée à l’Assemblée nationale (PLQPQCAQQS), à l’occasion de la fin de la session parlementaire. Je suis resté sur ma faim.

Je comprends le besoin des partis politiques de mesurer leur capacité à s’affirmer dans la joute politique, mais qu’en est-il de certains enjeux importants ? Au-delà des partis, on avance ou on recule ?

Je me suis dit qu’il pouvait s’avérer intéressant de regarder cela d’un autre angle.

On reconnaîtra dans les choix de thèmes que je souhaite aborder ici, certaines de mes «obsessions». Je m’intéresse à l’action politique parce que je veux que certains projets se réalisent, souvent même au-delà de «qui» s’attribue le mérite de les faire progresser.

Voyons cela de plus près…

L’école publique autonome
L’annonce de la fin des élections scolaires ouvre une fenêtre qui pourrait permettre à ce qu’enfin on se préoccupe de donner aux écoles les moyens de leurs ambitions. Ce pourrait être un leurres, une sorte de mirage, mais quelques signes annoncent un automne chaud et prometteur sur le thème de la gouvernance scolaire.

Après plusieurs années où on a beaucoup hésité à bouger, après le navrant passage au ministère de l’Éducation d’un ministre qui multipliait les déclarations exaspérantes, on a pris une décision qui ouvre la porte à d’autres.

Tout reste à faire, je le conçois bien. Mais cette session aura permis à ceux qui croient que la réussite du plus grand nombre d’élèves passe par le fait de procurer aux milieux locaux une meilleure prise sur leur quotidien d’espérer un dénouement heureux.

Dans ce dossier, je ne sais pas jusqu’à quel point le Parti libéral est en train de réaliser le programme de la Coalition avenir Québec, mais quand la piste est la bonne, il ne faut pas bouder son plaisir. Je souhaite un automne où tous les leaders en éducation de quelques allégeances politiques que ce soient se donnent la main pour construire un meilleur environnement scolaire pour nos enfants.

Verdict : on avance !

Le gouvernement ouvert
Il y avait un consensus sur l’urgence de réécrire la Loi d’accès à l’information. Le consensus semble encore tenir, mais ceux qui mènent ce dossier n’ont rien fait pour l’actualiser.

On a travaillé à mettre en place une certaine transparence, mais il ne faudrait surtout pas s’arrêter aux agendas des membres du Conseil exécutif. Il y a encore beaucoup de brouillard dans l’attribution des contrats (en informatique, en particulier) et surtout, les mécanismes de participation des citoyens entre les élections en sont encore à leurs premiers balbutiements.

La publication des données publiques en format ouvert avance bien plus rapidement dans les villes qu’au gouvernement provincial et on manque plusieurs opportunités, autant sur le plan social, qu’économique.

On a que très peu bougé dans cette dernière session sur les bases à mettre en place pour avoir un vrai gouvernement ouvert, mais on a semblé vouloir passer du «buzzword» sur le concept à la façon dont ça pouvait se décliner concrètement, ce qui peut laisser croire à des jours meilleurs.

Verdict : on stagne !

Le ménage dans les finances publiques
Pour ceux qui comme moi sont préoccupés par le très fort pourcentage de notre budget consacré à payer des intérêts sur la dette accumulée au fil du temps, on a l’impression que la recherche de l’équilibre dans nos finances publiques constitue maintenant une priorité.

On pourra continuer pendant les prochains mois à discuter si cette recherche d’équilibre se fait trop sur le dos de ceux qui payent des taxes et des impôts et pas assez en travaillant sur la relance de l’emploi, mais le débat est ouvert et il y a beaucoup d’appui populaire sur l’idée de cesser les déficits budgétaires.

Les coupes paramétriques font très mal à certains endroits (dans les régions en particulier) et se justifient à d’autres. Je n’aime pas voir certains services essentiels ne plus pouvoir être offerts, en éducation auprès des élèves à risque, entre autres. Certains intervenants dans la chaîne de ceux qui décident se renvoient la balle à qui devrait être blâmé pour ces coupures mal avisées; ce simple fait milite en faveur d’une bureaucratie encore trop lourde, incapable de se rendre efficiente d’elle-même.

Sur le plan du développement économique, on développe à courte vue, sans un vrai plan et surtout, sans imagination. Le seul dossier du commerce électronique et de l’économie collaborative est l’exemple du manque criant de vision des représentants du gouvernement en économie.

«88 % des entreprises au Québec ne font pas de commerce électronique, malgré qu’elles disposent à 90% d’un site Web informationnel, qu’elles soient présente à 53% dans les médias sociaux et que leur présence Web soit adaptée au mobile (31%) ou soit bonifiée par une application mobile (18%).»

La lecture des derniers résultats de l’enquête de l’ICEQ du Céfrio (collecte de données du 26 mars au 29 mai 2015) montrent que les Québécois achètent de plus en plus en ligne, mais qu’une part très très importante de ces achats ne se fait pas au Québec. «Les entreprises québécoises sont trop peu présentes en ligne. En occupant un espace moins important sur le Web, les détaillants québécois laissent la place à des compétiteurs (principalement américains) pour satisfaire la demande locale et internationale» (source).

Bref, ceux qui parlent de «déclin tranquille» n’ont pas tort.

Verdict : on ne sait pas où on va, mais on y va !

Le mieux vivre ensemble
Il fait bon vivre au Québec, mais le haut degré de cynisme envers la classe dirigeante devrait tous nous préoccuper. On passe du meilleur au pire, souvent dans la même semaine.

Prenons à témoins les derniers instants de cette session parlementaire.

En santé, on sent que le ministre préfère signer des ententes avec les médecins et les autres spécialistes du domaine plutôt que de persister dans l’affrontement. En décembre, on avait dû se résigner à terminer la session avec un bâillon pour faire adopter la loi 10, mais cette fois en juin, le climat est beaucoup plus favorable à la négociation.

À l’occasion de cette même fin de session, les projets de loi #59 et #62 touchant le sensible dossier de l’identité, de la laïcité et de la lutte contre le radicalisme viennent concrétiser une promesse, soit, mais montrent aussi à quel point le gouvernement est mal à l’aise avec ces questions.

«Tout ça pour ça», écrit avec raison Richard Martineau.

«Une police de l’opinion au Québec» vient peut-être de naître explique Mathieu Bock-Côté.

Le consensus s’étant plutôt établit autour des recommandations du Rapport Bouchard-Taylor, on est loin de ce qu’on pourrait appeler «du courage politique», tout cela intervenant au moment même de proposer d’accueillir de plus en plus d’immigrants.

Avec ce qui nous attend cet automne dans le contexte des négociations des salaires et des conditions de travail des employés du secteur public, nous avons tous avantage à construire sur ce qui nous rassemble plutôt que sur ce qui nous divisent.

Verdict : on recule !

Il faut s’occuper de la politique
Tout le monde connaît l’adage : «Il faut s’occuper de la politique avant que la politique ne s’occupe de vous !»

J’aurai l’occasion de revenir dans un prochain billet sur les défis de chaque formation politique pour l’été, mais en attendant l’élections fédérale, on doit tout de même avouer que la période que nous traversons est remplie de débats intéressants.

En société, l’existence de grands débats est toujours bon signe. Reste à encourager encore davantage de personnes à y participer !

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