L’amour du FEQ et la critique

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

La première fin de semaine du Festival d’été de Québec 2015 (FEQ) est maintenant chose du passé. Jusqu’à maintenant, on a droit à une édition très relevée. On entend quelques critiques, bien sûr, mais il faut mettre sur le compte du trop plein d’amour le fait de se montrer parfois un peu sévère envers l’organisation dirigée de mains de maître par Daniel Gélinas.

L’évènement qui en est à sa 48e édition fait beaucoup jaser. Tous les médias de la région lui accorde une belle part de leur couverture, tellement que le FEQ est au 2e rang des sujets d’actualité dans l’ensemble du Québec pour la semaine du 7 au 13 juillet 2015 (source). Ajoutons aussi «qu’une quarantaine d’organes de presse, des médias américains, britanniques et français seront présents pour la première fois au Festival d’été» cet été.

On aime vanter les mérites de notre Festival et on étire la sauce autant qu’il est possible de le faire, quand on en parle. C’est normal.

Par exemple, pendant que je rédige ce billet, les animateurs du FM 93 reçoivent en entrevue la serveuse d’un grand restaurant du centre-ville qui a côtoyé les membres du groupe Foo Fighters, l’instant d’un repas. Un douze minutes qui passionnera les groupies, mais qui pourrait aussi en énerver quelques autres…

Jusqu’où aller dans le traitement de l’information et «du droit du public à tout savoir»… chacun trace sa propre limite.

Pour ma part, la vie de festivalier se porte très bien. Les choix de programmation de chacune de mes soirées se sont avérés judicieux et j’ai très hâte aux prochains spectacles. La beauté du FEQ est qu’il y en a pour tous les goûts. Quand on est déçu, c’est souvent parce qu’on a fait le mauvais choix. Il est assez rare que les artistes se présentent à Québec animés de mauvaises intentions. Sur scène d’ailleurs, ils sont nombreux à mentionner que nous sommes le «plus meilleur public au monde»…

Si j’avais à rassembler ici quelques sujets pouvant potentiellement faire l’objet de controverses, j’en mentionnerais trois.

À ce moment-ci, on ne peut pas dire qu’on nage en pleine polémique, mais il y a lieu pour les organisateurs du FEQ de se montrer vigilant et prudent.

Les restrictions à la prise d’images ou de vidéo
Les journalistes ou blogueurs accrédités reçoivent à chaque fin après-midi une liste de restrictions pour les prises d’images des spectacles. La plupart du temps, on nous demande de concentrer les clichés en début de spectacle. Il arrive par contre dans certains cas que des consignes très pointues rendent l’exercice journalistique désagréable. Ce fut le cas avec Foo Fighters, au point où des manoeuvres de contournement ont dû être envisagées.

Je me souviens d’un cas l’an dernier avec Grand Corps Malade. Je discutais de tout cela dernièrement avec le photographe Francis Vachon et toutes ces entraves semblent irriter bien du monde. Il en parle d’ailleurs dans cette entrevue. Devoir céder ses droits d’auteur à l’artiste ou devoir faire approuver le résultat de son travail, c’est… disons… ordinaire.

Le Festival nous prévient que ces consignes sont «hors de leur contrôle» et viennent des artistes, mais ce serait une bonne chose de creuser le sujet avec les principaux intéressés pour éviter que ça devienne un problème plus important à gérer.

Les complaintes systématique de certains fans
Dans les réseaux sociaux, on a fait beaucoup de cas d’une lettre de Joanie Duquette écrite à l’intention de ceux qui ont l’air de tout savoir et qui écrivent «des commentaires haineux» pour tout et pour rien concernant les décisions des organisateurs du FEQ.

Bien belle lettre qui mérite de circuler.

On n’imagine pas le genre de contraintes avec lesquelles ceux qui ont à prendre les décisions au FEQ ont à composer.

Les gens ont le droit d’exprimer leurs opinions, bien entendu. Mais pour rester crédible, il faut pouvoir se placer dans la posture des décideurs, un fois de temps en temps. Je l’expliquais en début de billet, les gens adorent le FEQ et certains sont plus critiques parce qu’ils mettent la barre de plus en plus haute à chaque édition, sans trop s’en apercevoir.

Faudrait se souvenir de tout ce qu’on obtient pour 92 $ (quand on paye le plein tarif) : 300 spectacles et 11 jours de musique !

Certains vont trop loin et leur comportement en exaspère plusieurs. Le cas du spectacle annulé des Foo Fighters est un bon exemple d’exagération chez certains. Heureusement, le comportement de la grande majorité démontre notre savoir-vivre collectif !

J’aime la critique, mais j’aime trop le Festival pour perdre de vue que pour une mauvaise décision, il y en a peut-être quarante bonnes qui ont été prises. Et dans le cas précis de l’annulation du concert des Foo, c’était la bonne.

Bravo au FEQ de laisser jaser le monde, mais c’est une bonne chose de favoriser la circulation d’un point de vue comme celui de Joanie Duquette pour remettre certaines choses en perspective.

Shareapass : une menace ou une opportunité ?
Le Journal nous apprend aujourd’hui que «le système de partage de bracelets du Festival d’été (FEQ), Shareapass, enregistrera une hausse d’entre 250 % et 300 %», selon les fondateurs. C’est une bonne nouvelle autant pour le FEQ que pour Shareapass, selon moi.

On connaît mon préjugé favorable envers la montée de l’économie collaborative et personne ne sera surpris de lire ici que je ne vois rien qui cause un préjudice au FEQ dans l’initiative de Jonathan Parent et de Francis Bédard dont j’ai parlé l’an dernier.

Cette entreprise nouveau genre bénéficie de beaucoup de couverture médiatique cet été (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et j’en passe) et il ne faudrait pas que ça énerve outre-mesure la direction générale ou le conseil d’administration du FEQ.

Je suggère de réessayer de se parler une nouvelle fois en août ou en septembre, quitte à précéder la rencontre d’une autre avec quelques personnes mieux informées et plus neutres sur les bienfaits d’une collaboration plus étroites entre le FEQ et Shareapass.

Et si le dispositif était géré par le FEQ ou en devenait sa propriété ? Est-ce que le regard serait le même ?

Je ne dis pas que c’est la direction qu’il faut prendre, mais je suis persuadé qu’il faut se laisser un peu de temps avant de changer le modèle d’affaires du FEQ pour cette raison de la «commercialisation» perçue ou réelle des bracelets.

Shareapass peut contribuer énormément à la lutte contre les effets pernicieux pour le FEQ de la revente de bracelets…

Tellement de choses fonctionnent bien au FEQ
J’ai assisté à la remise des prix du FEQ et j’ai été très impressionné par la collaboration du Festival d’été avec le Printemps de Bourges, les Francouvertes et le Paléo Festival Nyon. Ces partenariats ne sont pas récents et continuent de porter fruits. Il faut continuer d’aller de l’avant…

On se souhaite pour les sept prochaines soirées de la belle température, mais aussi des moments d’émotion intense.

Hier soir, j’étais dans la section média du pigeonnier et pendant LA toune de Vincent Vallières, j’ai été très ému de la façon dont une famille goûtait le moment, juste à mes côtés. Les trois enfants et leurs parents se tenaient par la main et chantaient doucement en se regardant amoureusement. C’était simple et très très beau à voir «qu’ils s’aimaient encore»…

Le Festival d’été de Québec est rempli de ces histoires, grandes ou petites, qui traduisent le bonheur d’être ensemble, de célébrer l’été et de se sentir en totale communion avec les artistes qui viennent de partout pour nous rencontrer, à Québec.

Les critiques, il faut se dire que c’est la rançon de la gloire !

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