Trudeaumanie version Justin

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

Quand un parti fédéral fait une annonce électorale qui touche l’éducation, le citoyen que je suis est toujours méfiant. La loi constitutionnelle de 1867 identifie l’éducation comme étant une compétence des provinces. Quand Justin Trudeau fait une annonce électorale qui touche l’éducation, je suis encore plus méfiant. C’est que je me souviens de la manie des Trudeau…

Les années soixante-dix en politique au Canada ont été caractérisées par la Trudeaumanie, certains s’en souviennent.

Pierre Elliott Trudeau arrivait au Parti Libéral, il était jeune et ne faisait pas de la politique de la même façon que ses prédécesseurs, tous partis confondus. Plusieurs s’identifiaient à lui pour son petit côté anticonformiste.

Moi par contre (et je ne dois pas être le seul), je me souviens surtout de cette vision centralisatrice d’un Canada uni et d’une fédération qui empiétait les champs de compétences des provinces.

On ne m’en voudra pas d’avoir ce souvenir en tête quand le fils pose un geste qui ressemble au comportement de celui de son père.

On s’entend… l’impôt et la fiscalité sont des champs de compétences partagés par le Canada et chaque province. Jusque là, pas de problème !

Reste que l’annonce de ce matin du Parti libéral du Canada cible les enseignants et les éducatrices en garderie: «Alors que les enseignants et les éducateurs de la petite enfance préparent leur salle de classe pour la rentrée scolaire, nous sommes appelés à réaliser plus que jamais l’importance cruciale du rôle que jouent les professionnels de l’enseignement dans le développement de nos enfants et dans l’édification de notre pays.»

Justin Trudeau croit que les «dépenses imprévues» du personnel qui «crée un environnement d’apprentissage positif pour nos enfants» méritent la mise en place par le fédéral «d’un nouveau crédit d’impôt sur les fournitures scolaires à l’intention des enseignant(e)s et éducateurs(trices) de la petite enfance».

On voudrait encourager les enseignants et les éducateurs du Québec à investir de leurs poches pour le bien de nos enfants qu’on ne s’y prendrait pas différemment.

Un internaute de passage sur ma page Facebook où j’évoquais la possibilité d’écrire ici sur ce sujet me rappelait que «la piètre performance du PLC au Québec» (il suffit de consulter les sondages actuels pour le réaliser) pouvait peut-être s’expliquer par une certaine «incompréhension de l’environnent québécois» par l’équipe Trudeau. Encourager ainsi le personnel des écoles et des garderies à dépenser à la place du gouvernement provincial ou encore, compenser «leur investissement» quand il le font, ne me paraît pas aller de soi dans la réalité culturelle du Québec d’aujourd’hui, en effet.

Je ne dis pas nécessairement que les enseignants seront choqués par cette annonce, mais existe-t-il un électeur qui va faire pencher son vote du côté libéral parce qu’on va remettre aux enseignants 15% d’un montant d’argent qu’on considère normalement qu’ils n’auraient pas dû payer?

Lisez ce message…

Qui au Québec sera intéressé à contacter un éducateur pour lui montrer « son appui » au plan Trudeau en éducation?

Le plus drôle est peut-être que cette mesure fiscale est loin d’être une invention libérale.

Si je me fie à cette page Web de l’Agence du revenu du Canada, la mesure existerait déjà: «Le montant canadien pour emploi permet de tenir compte des coûts assumés par les employés des secteurs privé et public, tel que les frais liés aux ordinateurs à domicile, aux uniformes et aux fournitures.»

Moins ciblée sur les enseignants et les éducateurs en garderie, la mesure me paraît plus respectueuse des sensibilités québécoises, mais bon… ça se discute.

Dans ces circonstances, je comprends un peu Stephen Harper d’avoir déclaré aujourd’hui suite à la promesse électorale de Justin Trudeau que les libéraux copient en quelque sorte «les politiques fiscales des conservateurs» (source).

Il ne faudrait pas que réapparaisse cette manie des trudeau d’envahir les champs de compétences du Québec. L’annonce d’aujourd’hui y prête flanc.

Je ne serais pas surpris de lire ces prochains jours que cette promesse constitue au Québec, une autre preuve de plus que «Justin n’est pas prêt» !

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