Le statut social du professeur

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

La situation est particulière… Pendant qu’une horde d’enseignants syndiqués sont à l’extérieur pour exprimer leur colère, d’autres tout aussi syndiqués, mais ayant choisi un autre moyen d’agir, sont dans l’enceinte du Forum des idées pour le Québec à tenter de refaire le monde de l’éducation pour qu’il s’adapte au XXIe siècle.

C’est la publication du billet de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) sur son blogue qui a donné le ton : «Après avoir sabré aveuglément, le gouvernement réfléchit…».

Les enseignants syndiqués se sentent floués, à tort où à raison, de ne pas faire partie des panels de réflexion de cette fin de semaine, tout comme les représentants officiels des commissions scolaires, des parents et des écoles privées. «Quand ces gens-là viennent, ils veulent venir énoncer leur position qu’ils énoncent déjà ailleurs. Ça a pour effet de transformer le forum en table de négociation. Je ne suis pas le gouvernement», affirme Jean-François Garneau, directeur-fondateur du Forum des idées pour le Québec et président de son comité scientifique.

N.B. Déclaration d’intérêt : je participe bénévolement à l’organisation du Forum où j’agis comme président de séance et intervenant dans quelques panels. Aussi, je suis ouvertement affiché à titre de militant de la Coalition avenir Québec dans cet évènement organisé par le Parti libéral. Les débats de cette fin de semaine ne se veulent pas partisan et j’accorde de l’importance à ce volet du Forum, d’autant qu’il y a des militants de Québec Solidaire et du Parti québécois qui y trouvent aussi un espace pour s’exprimer tout au long de la fin de semaine.

Plusieurs enseignants sont aussi présents parmi les 400 participants qui viennent de partout au monde pour échanger sur les composantes qui rendent les systèmes d’éducation performants et totalement adaptés au XXIe siècle. Madame Chabot a raison sur un point : «Ça fait 15 ans, monsieur Couillard, qu’on est au XXIe siècle» (source).

Hier soir en ouverture du rassemblement, un hommage bien senti a été offert au premier ministre de l’Éducation du Québec, Paul Gérin-Lajoie. Présent, il nous a demandé de partager sa foi en l’éducation.

C’est une belle demande qui a généré l’enthousiasme de tous les participants…

On a entendu que de bonnes paroles sur l’importance des enseignants en éducation hier soir et mise à part ces communiqués officiels (CSN, FCSQ) qui évoquent les tensions du moment, le ton des échanges est exempt d’affrontement stérile, pour le moment.

Une entrevue avec Jean-Michel Blanquer (ancien directeur général au ministère de l’Éducation nationale de France – 2009-2012) est publiée au Devoir ce matin dans le contexte où l’actuel directeur général du Groupe ESSEC, école de commerce participe à une des séances au programme aujourd’hui. Son message est intéressant dans la mesure où justement, un ex-candidat de Québec Solidaire aux deux dernières élections générales a vanté hier soir les mérites du système d’éducation de la Finlande…

«Les systèmes éducatifs habités par la confiance sont ceux qui réussissent. Ainsi, on parle souvent des succès de la Finlande en matière éducative en mettant l’accent sur les méthodes pédagogiques, mais le premier ingrédient du succès finlandais est le statut social du professeur, son prestige. La confiance ne se décrète pas ; elle se construit. Elle est comme un virus positif qui peut aller du pays jusqu’à l’enfant et de l’enfant jusqu’au pays : confiance du système en ses professeurs et réciproquement, confiance des professeurs entre eux, confiance de l’élève et de la famille dans le professeur et réciproquement… Tout ceci débouche in fine sur la confiance en soi de l’élève et sur la confiance en soi du pays.»

En ce sens, le statut social des enseignants est crucial pour faire avancer de façon constructive le débat en éducation. Les propos de Jean-Michel Blanquer sont sans équivoque, il me semble…

C’est la deuxième fois que je participe à ce Forum des idées qui en est à sa troisième édition. Je me dis qu’il doit être possible de tenir ce genre d’évènement, au Québec. Je comprends le contexte politique en éducation qui fait que le thème du Forum de cette année – l’éducation – arrive à un moment où des enjeux déterminants font l’actualité (abolition des élections scolaires, projet de loi sur la gouvernance scolaire et négociation des conditions de travail dans le secteur public) et il est normal que les syndicats et la Fédération des commissions scolaires tentent de faire valoir leur point pour infléchir les politiques gouvernementales.

Un manifeste dont je suis l’un des signataires à l’intérieur d’un collectif de directeurs d’écoles, de directeurs de commissions scolaires, d’universitaires spécialisés en enseignement et gouvernance du système d’éducation, de gestionnaires de l’éducation, de chercheurs, de spécialistes en management et en gouvernance souhaite jouer en quelque sorte le même rôle tout en faisant le point sur notre système d’enseignement, au Québec.

Le débat est ouvert et il n’appartient pas qu’au Parti Libéral.

Je lui donne cependant un coup de chapeau d’avoir osé le tenir, dans les circonstances qu’on connaît.

Je souligne que tous les échanges sont diffusés en temps réel sur Internet et accessibles gratuitement.

Ce matin, il sera question de formation générale et de culture et je vous invite à lire un texte de Thomas De Koninck qui sera présenté en ouverture de séance.

L’éducation est un beau sujet de débats et il est souhaitable qu’il demeure au centre de nos préoccupations. Les enseignants ont toute la place pour y faire valoir l’importance de leur mission !

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