Le lapsus de la semaine

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

On a fait grand état cette semaine des déclarations du ministre de l’Environnement David Heurtel qui a plaidé, trois fois plutôt qu’une, le risque «d’une contamination de l’eau potable des Montréalais» si on n’autorisait pas la Ville de Montréal à déverser huit milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve. «C’était un lapsus», avait-il dit quelques heures plus tard. J’ai l’impression que nous sommes passés à côté d’un beaucoup plus gros lapsus cette semaine. Je parle des motifs invoqués par le premier ministre pour le déclenchement des élections complémentaires au Québec pendant le scrutin fédéral.

Philippe Couillard a expliqué aux journalistes cette semaine qu’il était très important de se lancer en mode électoral dans les quatre circonscriptions vacantes «parce qu’on a un conseil général de notre parti» (source) !

Le lapsus est une des explications à considérer pour expliquer un manque aussi flagrant d’éthique démocratique, dans les circonstances de l’actualité politique de cette semaine…

«Vérification faite auprès du Directeur général des élections (DGE), c’est donc la première fois qu’un premier ministre du Québec choisit de faire en sorte qu’un scrutin québécois et une élection générale fédérale se chevauchent» (source)

Qu’est-ce qu’il y aurait de si important dans un conseil général, dix-huit mois après que le PLQ ait été élu pour gouverner dans un mandat de quatre ans et demi pour que la présence de nouveaux élus libéraux soit aussi indispensable ? Je me le demande…

C’est le récent départ de trois députés du Parti libéral (Marguerite Blais dans Saint-Henri–Sainte-Anne, Gilles Ouimet dans Fabre et Robert Dutil dans Beauce-Sud) et de un député du Parti québécois (Marjolain Dufour dans René-Lévesque) qui provoque ce déclenchement qui aurait pu attendre jusqu’en mars pour ce faire.

Il y a donc dans les quatre candidatures libérales quelqu’un qu’il faudrait absolument présenter au prochain conseil général des 14 et 15 novembre ? Ou encore, on aurait absolument besoin des résultats de ces quatre élections pour se présenter à cet évènement, tellement la soupe serait chaude si on ne le pouvait pas ?

Je n’y crois pas. C’est ailleurs qu’il faut chercher.

Il faut vraiment que le premier ministre ait eu quelque chose d’important à cacher pour avoir commis ce lapsus ou avoir choisi d’attirer notre attention sur un conseil général qui n’en vaut pas vraiment la peine. Ce n’est pas possible que Philippe Couillard ait pris le risque de passer à l’histoire comme étant le premier à avoir osé mélanger les urnes fédérales et provinciales sans une raison d’État.

Peut-être qu’il y a un remaniement ministériel à faire et qu’une des candidatures est essentielle pour pouvoir procéder et ainsi corriger un gros problème dans la gouvernance actuelle ?

À moins que la décision ait été prise pour d’autres motifs partisans qu’ils valaient mieux taire ?

Peut-être qu’il fallait précipiter le déclenchement pour prendre de vitesse les autres formations politiques ? Le PQ fait actuellement campagne pour le Bloc… peut-être quelqu’un au PLQ s’est-il dit que ce serait la meilleure façon d’augmenter ses chances « de prendre » la circonscription de René-Lévesque au parti de PKP ?

La « définition Heurtel » de ce que c’est « un lapsus » est devenue tellement large cette semaine qu’il pourrait être possible au premier ministre la semaine prochaine de nous dire que la langue lui a fourché.

N’y comptez pas trop finalement…

L’opposition a accusé le gouvernement de vouloir mêler les électeurs de ces quatre circonscriptions. Si c’était le cas, il y aurait un avantage perçu des libéraux provinciaux à fausser le résultat au fédéral dans quatre circonscriptions. On ne peut pas vraiment voir lequel.

Si le premier ministre ne s’est pas commis dans un lapsus, je le soupçonne néanmoins de ne pas avoir donné la vraie raison de l’importance de ces quatre partielles pour son gouvernement.

Lapsus ou pas, il y a quelque chose que Philippe Couillard ne voulait pas nous dire à propos du résultat attendu de ces élections.

On le saura peut-être en s’intéressant au déroulement de ces quatre campagnes ou en observant les décisions prises aux lendemains du 9 novembre. On n’a pas précipité ces élections pour rien.

Pour le moment, les indices pour trouver ce qu’on ne nous a pas dit portent un nom : Karine Otis (René-Lévesque), Paul Busque (Beauce-Sud), Monique Sauvé (Fabre) ou Dominique Anglade (Saint-Henri-Sainte-Anne).

Qu’est-ce que ces quatre personnes ont que les autres députés libéraux n’ont pas et qui justifie qu’on soulève une polémique avec le déclenchement de ces quatre élections partielles ?

Tags:
0 Commentaires

Laisser une réponse

Contactez-moi

Je tenterai de vous répondre le plus rapidement possible...

En cours d’envoi

Si les propos, opinions et prises de position de ce site peuvent coïncider avec ce que privilégie le parti pour lequel je milite, je certifie en être le seul éditeur. - ©2022 Thème KLEO

Vous connecter avec vos identifiants

ou    

Vous avez oublié vos informations ?

Create Account

Aller à la barre d’outils