L’important, c’est de dénoncer… par Facebook, pourquoi pas !

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

Caroline Simard est députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré. Lors d’un cocktail dînatoire vendredi dernier 7 novembre, elle a vécu une agression sexuelle. Des gens ont été témoins du geste déplacé d’un homme qui était selon toute vraisemblance « en boisson ». Dès le 8 novembre, elle a utilisé le moyen le plus simple à sa portée pour nommer sa légitime frustration et dénoncer son agression – sans nommer l’agresseur : Facebook ! Lundi 9 novembre, l’homme d’affaires Daniel Guay s’excuse en public à la députée Simard et le lendemain 10 novembre, Mme Simard accepte les excuses. Il est où le problème avec Facebook ?

Je suis toujours estomaqué quand j’entends les critiques mal fondées sur l’utilisation des moyens modernes de communiquer que sont les médias sociaux. Il y a tellement de bonnes raisons de les critiquer, quand leur utilisation est appropriée, on devrait avoir la sagesse de se garder une petite gêne. Arrivons en 2015 s’il-vous-plaît !

Dans le cas présent, la critique vient de ceux qui auraient préféré la plainte au criminel plutôt que la justice réparatrice, dont la ministre de la justice elle-même.

Pourtant, le phénomène viral récent des #Agressionsnondénoncées a démontré que la peur est en train de changer de camp grâce à l’utilisation des possibilités d’Internet.

Je ne souhaite pas dans ce billet enlever de la crédibilité au processus judiciaire, je veux tout simplement démontrer qu’en quatre jours, une femme a pu trouver du réconfort et une certaine réparation, alors que si elle avait suivi le conseil de ceux qui préfèrent le chemin plus long, elle aurait peut-être tourné en rond pendant des mois, voire des années sans nécessairement mieux se sentir.

Je ne dis pas non plus que l’agresseur méritait « de s’en tirer aussi facilement » quoique des fois on se demande si en cette matière, la dénonciation publique n’est pas une sanction plus difficile à affronter que le judiciaire dont les avocasseries prêtent flanc à mieux protéger les agresseurs que les victimes.

M’enfin…

Mon point, c’est que le recours à son monde par l’entremise d’un canal de communication de proximité comme l’est Facebook (le perron d’église d’aujourd’hui) pour trouver du réconfort et du support, ça me paraît tellement évident en 2015. En faisant attention pour ne pas diffamer comme l’a si bien fait Mme Simard, il me semble que ce sont des félicitations qu’on devrait envoyer comme message à la députée, pas des « tu aurais dû faire ci ou faire ça ».

Quatre jours, c’est le temps que ça a pris pour obtenir des aveux et des excuses. Ça ne veut pas dire que ça va aller aussi vite tout le temps, que les aveux ou la réparation va toujours être au rendez-vous, mais l’important n’est-il pas que les victimes puissent renverser la vapeur et retrouver rapidement un peu de pouvoir devant l’intimidation qui trop souvent isole et détruit ?

Il y a probablement d’autres circonstances où la judiciarisation serait de mise, mais il me semble que cette fois-ci, Mme Simard a bien fait les choses.

Elle utilise régulièrement Facebook pour parler de ses activités et sorties publiques. Avec le temps, elle a ainsi réussi à se constituer un réseau d’adeptes qui lui donnent du feedback, qui relayent parfois ses messages et qui lui offrent à l’occasion des critiques constructives. Elle est allée à ce cocktail à titre de députée… c’était tout à fait conséquent de raconter ces évènements publics et de dénoncer l’agression dont elle a été victime, même si ça lui demandait beaucoup de courage. On sait tous que devant une agression, le réflexe nous porte malheureusement à s’isoler…

L’utilisation des médias sociaux est devenue monnaie courante et je comprends que nos usages parfois maladroits devront s’adapter. Les lois sont en retard et je ne dis pas que Facebook est la réponse à tout.

Mais quand je pense à tous ces cas de vol par effraction où des caméras ont pu filmer la scène du crime et où la victime obtient une certaine réparation en diffusant les images… j’ai quand même le goût d’applaudir.

Ce genre de méthode pose de nouveaux problèmes d’éthique, je l’admets, même juridiques… et il faudra adapter notre conduite au respect des droits et des lois. Mais une chose demeure : il devient de plus en plus facile de s’exprimer par les médias sociaux et de rejoindre rapidement une masse critique d’individus. Ça peut être drôlement utile quand justement, il faut mettre rapidement la lumière sur une injustice.

Dans le cas qui nous occupe, j’aime beaucoup l’idée que rapidement, Mme Simard ait pu remplacer le désarroi par le réconfort. On souhaite que les victimes de harcèlement ou d’agression dénoncent… bien c’est ce que Mme Simard a fait.

Et bien fait !

Bravo Mme la députée !

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