Données Québec respecte les bonnes pratiques

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section blogue.

J’ai souvent critiqué le manque de respect du gouvernement pour les bonnes pratiques dans le développement des projets informatiques. Dans l’élaboration du portail Données Québec, il me fait plaisir de souligner le professionnalisme de la démarche. Enfin une bonne nouvelle dans le domaine du numérique au Québec.

Le lancement du projet aura lieu ce mardi 5 avril 2016 à l’Hôtel de ville de Québec, mais le projet a déjà beaucoup fait parlé de lui. On aura compris que le prétexte de la première Semaine numérique à Québec procure le contexte idéal pour un lancement réussi. Il y aura beaucoup à dire à cette occasion !

J’aurais attendu à mardi avant d’en expliquer publiquement les tenants et les aboutissants, mais je me sens autorisé de publier au Journal mon point de vue sur ce beau projet puisque Radio-Canada semble avoir choisi de devancer la nouvelle.

La Société d’État n’a pas été seule à éventer le lancement, la ministre responsable de l’Accès à l’information et de la Réforme des institutions démocratiques a accordé le 22 février dernier une excellente entrevue sur le sujet dans le cadre des célébrations du 30e anniversaire du CRIM

Licence commune d’utilisation
L’un des premiers gestes posés dans la bonne direction par l’administration gouvernementale et certaines municipalités a été d’adopter la version 4.0 de la licence Creative Commons pour que l’ouverture et la collaboration soient au rendez-vous.

«Au plan international, cette version est reconnue comme l’une des moins restrictives quant aux droits d’utilisation des données ouvertes tout en protégeant les droits d’auteur.

Ce geste a probablement mis la table pour que les villes de Québec, Montréal, Laval, Gatineau et Sherbrooke emboitent le pas et travaillent ensemble plutôt que de continuer à préférer la culture des silos.

Une expérience utilisateur agréable
Je me suis donc présenté dans les locaux du ministère de la Sécurité Publique à Québec le 16 mars dernier pour une séance de tests du nouveau portail de données ouvertes, Données Québec. À l’invitation du conseil du Trésor et de la Ville de Québec une quinzaine de leaders du numérique et de potentiels utilisateurs du portail avaient été invités à tester des fonctionnalités, en amont du lancement, pour proposer des améliorations à la plateforme et donner du feedback aux responsables avant sa mise en ligne officielle.

On a soumis aux personnes présentes des enjeux concrets qui forçaient la navigation dans le portail. Il n’y a pas de meilleures pratiques que d’ouvrir le jeu avec des gens habitués à naviguer dans ce genre d’environnement et ainsi de s’exposer à la critique. Des cadres haut placés dans la gestion du conseil du Trésor et dans les villes étaient présents et j’ai senti une écoute réelle des différents points de vue.

Ce faisant, les représentants de la communauté du numérique étaient constructifs et fortement intéressés à livrer un témoignage objectif.

L’utilisation d’un formulaire écrit était suggéré et je me suis empressé de livrer mes premières impressions aux responsables du portail. Une discussion animée s’en est suivie…

Voici ce que j’ai particulièrement apprécié de ma navigation dans le nouveau portail:

  • Navigation simple, recherche assez facile, fil d’Ariane bien présent et utile, puis colonne de gauche qui s’ajuste et informe adéquatement pour raffiner sa recherche.
  • Séparation claire des jeux de données (informations non traitées éditorialement) et des applications (traitement éditorial).
  • La section « En savoir plus » n’est pas trop verbeuse et contient des informations pertinentes.
  • J’ai beaucoup apprécié les fonctions « Exploration des données » et « Incorporer dans un site » à même le jeu de données en cliquant sur le titre du jeu de données. J’ai découvert par hasard ces fonctions, je me demande s’il ne faudrait pas caractériser le lien «cliquable» qui mène à ces fonctions. Le partage par l’entremise des médias sociaux est favorisé, ce qui constitue également une belle ouverture.
  • Sous l’onglet « Application », j’aime la suggestion de soumettre une nouvelle «apps», mais il n’y a aucune indication ou hyperlien qui indique comment faire. J’ai trouvé par hasard le formulaire dans le menu en cherchant celui-ci pour écrire aux responsables du portail.

Voici quelques améliorations possibles:

  • J’ai facilement trouvé de l’information sur « Comment puis-je utiliser le fil RSS de ce site », mais à aucun endroit j’ai trouvé des « feed RSS » (généraux ou spécifiques) pour que mon lecteur RSS me tienne informé des nouveaux jeux de données ou des nouvelles applications référencées.
  • L’onglet « Historique » est aidant pour estimer la fréquence possible du renouvellement des jeux de données, mais j’apprécierais que l’organisation se mouille sur une intention de fréquence du renouvellement. C’est important.
  • J’ai été étonné de retrouver des jeux de données en format « .pdf » dans un portail de données ouvertes. Une réflexion s’impose sur la pertinence de retrouver dans un portail de données ouvertes un tel format de données, complètement fermé et à peu près inutilisable par des machines.

Un gros pas dans la bonne direction
On retrouvera dans le portail lancé ce mardi plus de 800 ensembles de données en format ouvert. Il est possible que les responsables n’aient pas pu intégrer dans la version lancée ce 5 avril toutes les améliorations suggérées, mais franchement, on en n’attend pas autant. Le site pourra continuer de s’améliorer avec la participation de tous, incluant les experts dans les normes d’accessibilité Web, dont un représentant était sur place lors de la séance de testing.

En fin de séance, je ne me suis pas gêné pour dire aux patrons présents que j’avais apprécié la présence de personnes connus de la communauté du numérique pour leur engagement à adopter des bonnes pratiques dans la gestion de ce genre de projet. Nous avons tous côtoyé des professionnels au gouvernement et dans l’administration municipale qui sont reconnus sur le terrain, mais qu’on ne semble pas écouté une fois engagé dans des projets informatiques au gouvernement. Les portes tournantes en ce qui concerne les professionnels en informatique et l’utilisation exagérée de consultants ont fait mal à la crédibilité des patrons dans les projets où on ne donne pas toute la place à ceux qui savent pour bien faire paraître ceux qui font semblant de savoir.

Le portail Données Québec semble être en de très bonnes mains. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour en améliorer l’accessibilité, l’ergonomie et le référencement, mais il faut souligner le virage entrepris vers plus d’ouverture et d’efficience.

Ce portail n’aurait probablement jamais vu le jour sans le travail en amont de plusieurs organismes au Québec qui ont défriché le terrain sur l’importance des données ouvertes dont, NordOuvert, QuébecOuvert, Montréal Ouvert et quelques autres.

Je rappelle l’importance de ce genre d’initiative. La mine d’or que peut constituer la publication des données pertinentes en format ouvert quand c’est bien fait vaut la peine d’encourager ce genre d’initiative.

Pendant qu’on ne compte plus le nombre de hackathons dans la Ville de New York et que la France dispose d’une plateforme mature et ouverte contenant une impressionnante quantité de données publiques et des politiques appropriées pour en supporter l’utilisation (ils organisent même un hackathon #CodeImpot), le Québec hésite encore à se donner de l’ambition dans sa gestion du numérique.

On entend souvent dire que l’information constitue une matière première susceptible d’alimenter la gouvernance et l’économie du 21e siècle. Une ville comme Gatineau semble l’avoir compris et pousse un projet qui va dans ce sens, d’ailleurs.

C’est encourageant que cette municipalité et quatre autres aient joint leurs forces avec celles du gouvernement au sein de cette initiative, mais il faut faire davantage pour rattraper notre retard et actualiser la vision de plusieurs d’entre nous.

Le meilleur est peut-être à venir, cette fois-ci…

Mise à jour du 5 avril: Article au Journal… «Les villes rendent leurs données publiques»

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