À propos de l’école Finlandaise

Des billets qui suscitent des débats sur l’éducation au point de générer plus de cent commentaires, j’en connais pas beaucoup dans la carnetosphère francophone. Mais depuis le 3 mars, il y a celui-ci chez Emmanuel Davidenkoff !

Le sujet porte sur les avantages du système d’éducation Finlandais suite à la parution de cet article au « Nouvel Obs ». De belles envolées. Il y est question de la pertinence du redoublement, de la façon de sélectionner le personnel enseignant, du moment où il faut devenir plus sélectif avec les élèves, des programmes d’études de différents pays (même de ceux du Québec) et de plusieurs autres sujets… Même Philippe Meirieu y va de son grain de sel (deux fois* plutôt qu’une « mars 4, 2005 01:59 PM » et « mars 5, 2005 09:37 AM ») en réplique à des attaques «qui ne précisent pas les points de désaccord et se contentent d’assassiner quelqu’un sans autre forme de procès». D’ailleurs, il termine son premier commentaire de la façon suivante : «Mais peut-être fais-je partie de ces quelques fossiles vivants qui croient encore aux vertus du dialogue et du débat avec des « adversaires » dont on ne fait pas systématiquement des « ennemis » ?»

L’élève doit-il être au centre de nos préoccupations quand il s’agit de faire l’école ? Sur ce sujet, je retiens l’intervention de M. Pierre-Marie Bourdaud (mars 4, 2005 05:49 PM) :
« * Sur le fameux « élève au centre ». Bel exemple d’expression pour dire tout et son contraire. Si ça signifie que je suis le centre du monde, que moi seul existe, que donc Molière, Bach et Pythagore ne sont pas des rappeurs et peuvent aller se rhabiller en baggy « confiance-plus », d’accord pour fustiger ce jeunisme frileux et égocentrique, permis et toléré par lâcheté et complaisance des adultes. Si ça signifie qu’on travaille pour l’élève, pas pour nous ni pour les ancêtres sus-cités… d’accord pour être d’accord ! … Et je me dis, rien qu’en lisant les pour/contre sur ce blog, qu’ils ont plus de points communs qu’ils ne le croient. Alors, travaillons ensemble au lieu de se crêper la blouse, les élèves ne s’en porteront que mieux ! »

Plusieurs autres interventions valent la peine d’être lues (dont celle de Pierre Frackowiak | mars 5, 2005 09:56 PM), mais ce qui me frappe est surtout le fait qu’on puisse vraiment dire que chez nos cousins, l’éducation peut être objet de débat, alors qu’ici, il soulève bien peu de passion au demeurant. Notre rhétorique est souvent du genre de « ou tu penses comme moi et tu es mon ami ou tu es contre et ne viens plus me parler » ! Il n’y a pas qu’en éducation où l’échange de points de vue différents devient périlleux au Québec; une visite chez Denise me rappelle qu’il ne faut pas rire avec ça, les débats ! Bon… il y a des exceptions quand même, je sais; parfois nous réussissons à se parler « dans le nez » sans que ça saigne !

Ce genre de discussion n’a pas que des mérites; entre autres, je ne suis pas sûr de la qualité d’écoute chez certains puisque la redondance est parfois au rendez-vous. Mais ça laisse entendre que l’éducation est hautement considérée par bon nombre de personnes et que le débat public est un exercice nécessaire pour qui veut faire avancer les choses.

Je reviens aux succès de l’école Finlandaise; dans l’article de Mme Brizard, on explique de cette façon les bons résultats légendaire du système d’éducation :
« Le secret de ce miracle? «L’éducation est très valorisée», explique Irmeli Halinen, directrice de l’enseignement obligatoire au ministère de l’Education. Une tradition qui se perd dans les plis de l’histoire. «La Finlande a été huit siècles sous domination suédoise, puis un siècle sous domination russe. L’indépendance date de 1917. L’éducation a toujours été un devoir national, pour résister à l’anéantissement», précise-t-elle. »

Voilà une bel exemple pour un certain peuple de ce côté-ci de l’Atlantique qui tente justement d’en rester un, à ce qu’on entend parfois dire…

Les gens de chez Libération doivent être pas peu fiers de ressentir toute cette ferveur dans un cybercarnet de « leur écurie » !

Mme Chouinard, c’est pour quand au Devoir ?

* Il y a bien eu une troisième intervention de M. Meirieu au moment d’écrire ces lignes (mars 5, 2005 01:38 PM), mais elle ne venait que préciser un tout petit point…

4 Commentaires
  1. Photo du profil de Djeault
    Djeault 17 années Il y a

    Je viens de lire l’@rticle Ecole : la leçon finlandaise. Si cet @rticle était présenté comme une suggestion pour le Québec, certains le qualifieraient d’utopique, voire de paradisiaque… Néanmoins, si on demandait aux élèves clients du Québec, si le modèle Finlandais leur conviendrait, je suppose qu’un OUI massif se ferait entendre ; qu’en penseraient donc leurs enseignants ?

  2. Mario Asselin 17 années Il y a

    J’aurais le goût de te relancer Joseph en citant certains extraits de l’article :
    – «Le tout à taille humaine: pas plus de 400 élèves par école»
    – «L¹atmosphère est très positive. Les profs nous encouragent, ils nous disent qu¹on est tous bons à quelque chose»
    – «Ici un bon professeur est quelqu¹un qui sait intéresser les élèves, les encourager à entreprendre, qui soigne leur estime de soi»
    – «On apprend mieux en faisant soi-même»
    – «Chaque élève doit apprendre trois langues»
    – «Le plus important pour l¹élève, c¹est de comprendre la pertinence pour lui de ce qu¹on lui enseigne»
    – «Notre système est complètement décentralisé», explique Irmeli Halinen, au ministère de l¹Education, une administration poids plume, qui ne compte que 300 fonctionnaires.
    – «Le directeur et les professeurs décident de tout: des achats, des activités des élèves, des travaux à entreprendre. Ils définissent aussi les contenus des programmes dans les différentes matières, à l¹intérieur d¹un cadre très large fixé par le ministère de l¹Education tous les quatre ans. Le tout en concertation avec la municipalité.»
    – «L¹école se charge elle-même de l¹embauche des professeurs. L¹idée qu¹un enseignant puisse être, comme en France, parachuté dans un établissement sans avoir été choisi par l¹équipe des professeurs semble saugrenue.»
    – «Observée depuis la Finlande, la France semble s¹inventer des difficultés inutiles. «Vous perdez tellement d¹énergie et d¹argent à valider et à contrôler! s¹exclame Kauko Hämäläinen, directeur du centre de formation continue des professeurs à Helsinki. La démarche est contre-productive. Ici, nous déléguons et nous faisons confiance, et cela marche plutôt mieux.» Parole de champion du monde!»
    N’est-ce pas un beau programme !!!

  3. François Guité 17 années Il y a

    La BBC avait publié, en novembre dernier, un intéressant dossier de quatre articles sur le succès de l’éducation finlandaise dont vous trouverez les hyperliens dans un court billet que j’avais alors publié.

  4. Photo du profil de Djeault
    Djeault 17 années Il y a

    La Finlande, #1 dans le monde en éducation,
    utilise, entre autres, le travail par projet.

    YlioPisto, mon premier mot en finlandais, signifie « Université ». Dans l’esp@ce Web de-la-ou-du YlioPisto de Jyväskylä, (les genres masculins et féminins existent-ils en Finlandais ?) voici les COURSES IN ENGLISH du PROGRAMME 2004-2005 du DEPARTMENT OF TEACHER EDUCATION – de la session d’automne 2004.
    Il est intéressant de se rappeler qu’en Finlande, l’éducation est gratuite de A à Z, et que les Finlandais sont premiers au monde en lecture, en maths, en résolution de problèmes. Or donc, deux des 14 cours offerts dans le programme en anglais, soit World Heritage Education et Working as a Teacher ont comme mode d’étude et d’évaluation le travail par projet.
    Cela contrevient donc quelque peu avec les écrits, dans Le Devoir, des Profs Clermont Gauthier et M’hammed Mellouki qui réclament la fin de la mise en oeuvre de la réforme, parce que certaines études empiriques démontrent que le travail par projet est, « une pédagogie qui n’a pas fait ses preuves » ; cette affirmation est fortement discutable, d’autant plus que le cours que j’ai eu avec eux et Prof Denis Simard a une structure qui ressemble étrangement à du travail par projet.
    Ne faudrait-il pas plutôt examiner pourquoi et comment ces projets n’ont pas fonctionné, puis, forts de cette expertise, ne pas répéter les même erreurs dans le design pédagogique de nouveaux projets ?…
    Qui plus est, il est pertinent de noter que le raisonnement des profs Clermont et Mellouki repose sur des études qui remontent à 30 ans ; c’est peut-être là une erreur ! En effet, le Web pour tous a à peine 10 ans ; les vingt années précédentes sont donc de la préhistoire ! Cet outil de la communication, le Web, permet aujourd’hui de donner à tout projet une dimension socio-constructiviste et un destinataire, donc un p@rtage pragmatique : voilà peut-être ce qui a manqué dans ces projets, en échec, « du siècle dernier » ?
    Au lieu d’un temps d’arrêt dans l’implantation de la réforme, il vaudrait possiblement mieux, commencer (ou continuer ?) à rechercher pourquoi et comment, en Finlande, #1 dans le monde, on utilise la pédagogie par projet, puis, forts de cette expertise, introduire les mêmes « recettes gagnantes » dans le design pédagogique de projets motivants et éducatifs ?
    Le temps, ça ne s’arrête pas, même en laboratoire

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