Le son des casseroles

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

Jour de présentation des offres du gouvernement Couillard aux employés du secteur public et parapublic, ce lundi. Renouvellement des conventions collectives oblige, 550 000 employés issus de divers syndicats se sont vu offrir 3% d’augmentation salariale sur cinq ans, en dehors des progressions prévues, s’il y a lieu, sur les divers échelons que prévoient les conventions collectives. La réaction des syndicats : «Ce gouvernement-là, on dirait qu’il s’ennuie du son des casseroles».

Louise Chabot (porte-parole du Secrétariat intersyndical de services publics) a invoqué une soulèvement possible de la grogne populaire du même genre que celle de l’époque du conflit avec les étudiants au printemps 2012. Mais ça n’arrivera pas.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de perturbation sociale ou que les syndicats ne tenteront pas d’émoustiller la fibre protestataire des Québécois, mais il n’y a rien dans les offres gouvernementales pour générer de longues parades dans les rues, le printemps prochain.

Martin Coiteux (président du Conseil du trésor) le sait, les officiers syndicaux le savent et les représentants des médias s’en doutent, également.

Pour la partie syndicale, c’est de bonne guerre de débuter des négociations en utilisant des mots comme «gifle» et «mépris», pour parler d’offres jugées «irrespectueuses et indignes».

C’est probablement le volet qui touche les régimes de retraite qui suggère une approche de combattant puisque rien dans les propositions salariales ne justifie de monter aux barricades, à ce moment-ci.

On s’attend du côté des syndiqués à des demandes sectorielles qui pourraient choquer. Ces propositions qui vont suivre plus tard cette semaine, combinées à la demande d’augmenter l’âge de la retraite de 60 à 62 ans ne vont effectivement plaire à personne et il faut montrer ses muscles… se disent les centrales syndicales. Le communiqué du front commun donne le ton.

Mais pour qu’il y ait «affrontement», il en faudra bien plus et surtout, ça devra toucher le grand public qui lui, ne compte pas sur des régimes de retraite à prestations déterminées, ni ne bénéficie d’augmentation salariale digne de ce nom.

Certes, le gouvernement a suscité une certaine colère dans une frange de la population en se tournant en bonne partie vers des augmentations de taxes et de tarifs pour rétablir l’équilibre budgétaire, mais avec 46 % de Québécois «en accord avec l’idée de faire du retour à l’équilibre budgétaire pour 2015 une priorité», il dispose d’une certaine marge de manoeuvre. Je parie que l’opinion publique sera favorable au gel proposé pour les deux premières années de l’entente avec les employés de l’État.

Il faut aussi dire que la réaction syndicale est plus que prévisible. Il leur faudra beaucoup d’adresse et beaucoup plus d’intelligence pour espérer soulever une dose de colère dans la population; même les policiers, pompiers et cols blancs des municipalités n’ont pas suscité autant d’empathie que prévu dans la période pré-adoption de la loi #3 de cet automne.

Le son des casseroles n’est pas proche de se manifester, même si un bordel informatique fait perdre des milliards de dollars aux Québécois. Il y a bien plus d’injustices perçues dans ce gaspillage éhonté des fonds publics, mais on ne sent pas du tout la même fièvre qu’au temps de la période pré Commission Charbonneau. C’est déplorable, mais c’est ainsi.

J’aurais préféré des coupures de postes dans l’administration gouvernementale et dans les commissions scolaires pour pouvoir offrir un peu mieux aux employés de l’État, mais je fais partie des convaincus sur l’objectif du retour à l’équilibre budgétaire pour 2015.

Je voudrais que le ministre Daoust assume son erreur quand il projette de couper en sciences plutôt que de blâmer ses fonctionnaires, mais j’appuis les décisions courageuses qui visent à diminuer la croissance des dépenses de l’État.

J’aimerais un jour prochain pouvoir dire qu’au Québec c’est péréquation zéro plutôt que recevoir la somme record de 9,5 milliards $ en paiement de péréquation pour 2015-2016, comme c’est annoncé aujourd’hui.

Bref, l’heure n’est pas aux confrontations stériles, mais à la recherche de solutions originales pouvant garantir rapidement le retour à une prospérité économique qui profitera aux plus grand nombre.

Je m’attends des syndicats à des contre-propositions constructives plutôt qu’à des bravades vides de sens.

Je m’attends aussi en 2015 à un gouvernement qui me parle davantage de ce qu’il pense faire pour augmenter les revenus de l’État, autrement qu’en venant fouiller dans nos poches ou dans celles des employés de la fonction publique.

Les grincheux, qu’ils soient au gouvernement ou viennent des milieux syndicaux, je n’en ai rien à faire…

On n’a pas assez entendu parler des plans du gouvernement pour construire de l’espoir.

Qu’on cesse de lui brandir la menace du son des casseroles et qu’on exige plutôt qu’il nous parle de sa vision d’avenir pour les Québécois !

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