L’entrepreneuriat public

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

Le professeur de management du Harvard Business School Mitch Weiss est à l’origine d’un cours sur l’entrepreneuriat public qui offre une approche alternative aux leaders qui oeuvrent dans le secteur public. L’ex-collaborateur du maire de la Ville de Boston croit fermement que les gouvernements ont besoin d’inventer des nouvelles façons d’engager les citoyens dans un nouveau rapport avec eux.

Dans un entretien publié sur le site Web «Working Knowledge» de l’institution, Mitchell B. Weiss prétend que l’agilité des entreprises de type start-up pourrait grandement contribuer à réinventer la prestation de services publics.

«Les gouvernements devraient naturellement être portés vers l’externalisation des processus vers leurs citoyens et les entreprises»

Certes, on ne gère pas un État ou une Ville comme on gère une entreprise, mais les exemples d’utilisation des données ouvertes issues des politiques du gouvernement ouvert montrent jusqu’à quel point le numérique peut bien servir la démocratie.

Le cours sur l’entrepreneuriat public du prof Weiss s’inspire de ces bonnes pratiques pour contrer la tendance des administrations gouvernementales à devenir lourdes, prises dans la bureaucratie ou les procédures et incapables de se retourner rapidement pour s’adapter aux besoins des citoyens. Quatre exemples sont donnés dans l’article, résumé par Samuel Azoulay sur RSLN:

  • À Philadelphie, le service Textizen facilite la communication entre les citoyens et les services de santé municipaux via SMS – de nouvelles mesures de lutte contre la pollution ont été prises suite à sa mise en place.
  • À New-York, la start-up Mark43 développe un logiciel pour analyser les statistiques de la délinquance.
  • À Boston, Bridj a développé un service de transport par autobus à la demande pour les parcours mal desservis par les transports publics.
  • En Californie, OpenCounter facilite la création des petites entreprises.

L’ouverture des gouvernements à ce genre de projets entraîne des investissements privés et répartit sur un plus grand nombre d’épaules la pression liée aux succès attendus des expériences tentées.

Mitch Weiss donne l’exemple d’une étude de cas, More Citizens Connect, qui a mené à une application conçue pour mieux engager les citoyens de manière à ce qu’ils deviennent les yeux et les oreilles de la Ville de Boston. Plusieurs autres villes plus petites du Massachusetts ont bénéficié par la suite du rodage entrepris à plus grande échelle par les promoteurs.

À Québec, on peut parler d’un projet d’entrepreneuriat public qui s’inspire de ces principes avec la récente campagne de consultation lancée sur le site Votepour.ca. Jusqu’au 20 avril, il est possible si on fréquente le Domaine Maizerets de temps en temps de donner son avis sur ses activités et ses installations. Vote Pour Ça est à la fois «un organisme de participation citoyenne, de consultation publique ou un incubateur de projets axé sur le développement local» toujours en recherche de financement.

Toujours à Québec, il faut surveiller de près le portail de données ouvertes qui rassemble différents jeux de données disponibles aux entrepreneurs désireux de se lancer dans des projets structurants. Une liste d’applications déjà disponibles est aussi offerte. À noter la contribution de trois développeurs de la capitale à l’origine du projet Research.ME, l’une des 15 meilleures applications créées lors de l’Expérience des données ouvertes canadienne. Ce projet facilite la recherche de diplômés ayant reçu des distinctions de certains conseil de recherches.

Le professeur Weiss affirme dans son entretien que «plusieurs entreprises cherchent désespérément à pouvoir regrouper une communauté d’innovateurs qui offriraient leurs idées pour améliorer leurs produits». Il comprend mal que les gouvernements qui peuvent plus facilement agir ainsi n’en profitent pas et se privent de la contribution des citoyens qui auraient avantage à les aider.

L’entrepreunariat public représente peut-être le chainon manquant entre les gouvernements qui doivent renouveler leurs liens avec les citoyens et les citoyens qui se méfient de plus en plus de leurs gouvernants.

Reste aux entrepreneurs à vouloir travailler un peu plus avec les gouvernements…

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