Sam Hamad et Philippe Couillard affichent beaucoup de confiance

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

À quelques minutes d’intervalles l’un de l’autre, le premier ministre et le cabinet du Conseil du trésor annoncent un retrait temporaire de Sam Hamad de certaines de ses fonctions « le temps que le commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale mène l’enquête à son sujet » (source).

Philippe Couillard a fait cette annonce «quelques minutes après la fin des funérailles de Claire Kirkland-Casgrain», à Montréal.

En supposant que Radio-Canada ait averti M. Hamad bien avant le reportage de jeudi soir dernier et en supposant que le bureau du premier ministre a pu jauger de la gravité des allégations depuis quelques jours, il demeure étonnant qu’on n’ait pas pris une décision plus rapide, ce qui aurait évité que les funérailles d’une très grande leader du Québec moderne soient ternies par cette annonce.

Mais bon… ça c’est une autre histoire.

Le cabinet du ministre Hamad a émis une déclaration du principal intéressé sous la forme d’un communiqué publié quelques instants plus tard. Dans le texte, on mentionne que le retrait sera effectif « jusqu’à ce que les vérifications du Commissaire à l’éthique et à la déontologie rétablissent les faits et son intégrité ».

Quand je vous parlais de confiance…

Je me dois d’abord de revenir sur mon billet d’hier publié un 1er avril en tout respect du thème associé à cette journée. La grande majorité des internautes ont rapidement compris que je ne me portais pas vraiment «À la défense» du député de Louis-Hébert.

On m’a déjà expliqué que l’ironie passait difficilement à l’écrit sur Internet, mais ça ne s’est finalement pas trop mal passé. Il y avait généralement un bon samaritain en commentaire pour expliquer les subtilités de mon argumentaire à un lecteur qui prenait mon texte au 1er degré. Merci à tous.

Pour la suite, soyons un peu plus clairs…

Plusieurs éléments du message commun de Sam Hamad et du premier ministre portent à croire que le seul scénario envisagé est celui d’une tempête dans un verre d’eau.

C’est troublant.

Retournement drastique de la position de M. Hamad en quelques heures
Sur les ondes de BLVD 102,1 FM, en réponse aux questions de l’animateur de Québec Aujourd’hui, Sam Hamad s’est montré ferme dans son plaidoyer:
Question de Stéphane Gasse (à 8:32): «M. Hamad est-ce que vous allez vous retirer en attendant qu’on clarifie l’air autour de vous… est-ce que vous devriez prendre une pause le temps que les choses soient clarifiées pour éviter que justement… ?»
Réponse de Sam Hamad (à 8:51): «Monsieur Gasse, j’ai rien à me reprocher pour que je me retire…».

On comprendra donc que l’annonce de Philippe Couillard à l’effet que Sam Hamad ait décidé « de se retirer temporairement du conseil des ministres » puisse surprendre. Ça explique peut-être le choix du moment pour l’annoncer et le fait qu’on ne puisse nommer personne du conseil des ministres pour prendre la relève au conseil du Trésor pendant l’absence temporaire de M. Hamad.

Sur le ton de la décision de se retirer temporairement…
Tous les mots utilisés par le premier ministre pour justifier la décision sont rassurants pour M. Hamad, et on pourrait même se demander pourquoi la mesure de retrait temporaire a été utilisée: « J’ai confiance en Sam Hamad. Ma confiance en lui n’est pas diminuée par les évènements des derniers jours. L’enquête confirmera son intégrité et son départ n’est que temporaire (source). »

Le destin de messieurs Hamad et Couillard semble maintenant lié pour de bon… dans le contexte où le premier ministre explique clairement et sans détour qu’il a encore pleinement confiance en Sam Hamad.

La même assurance se dégage des propos du député de Louis-Hébert dans un tweet où il annonce sa décision…

Le communiqué de Sam Hamad mentionne le « respect pour la charge publique et pour nos institutions » comme motif de retrait, mais ce qui transpire du texte reste bien davantage ce sentiment que les vérifications vont rétablir « les faits et son intégrité ».

D’ailleurs, à la dernière ligne du document, on voit bien que M. Hamad est plutôt amer : « Ces événements m’amènent à me questionner sur la place de la présomption d’innocence dans l’espace public ».

Quant à savoir si le geste d’aujourd’hui pourrait être de nature à «éviter toute distraction à la poursuite du mandat gouvernemental», rien n’est moins sûr.

Deux postes clés, deux personnes fragiles pour les occuper
Les oppositions auront beaucoup de matières pour questionner le gouvernement.

Il y a d’abord ce sujet de l’obligation d’un ministre de vérifier ou pas si un lobbyiste est inscrit au registre ? Radio-Canada ne semble pas de l’avis de Sam Hamad…

Ensuite, mis à part les faits révélés par le reportage de Enquête, les accusations de Marc-Yvan Côté et de Nathalie Normandeau et les aspects qui touchent le financement du PLQ avant les très récentes réformes, il y a aussi le statut des deux personnes qui occupent des fonctions sensibles en matière d’intégrité.

Réagissant immédiatement aux évènements, l’ex député libéral et ex bâtonnier Gilles Ouimet a bien résumé la situation du Commissaire à l’éthique et à la déontologie, Me Jacques Saint-Laurent, premier d’ailleurs à occuper cette fonction et assermenté le 6 janvier 2011.

C’est que le mandat de Me Saint-Laurent est arrivé à terme et il a choisi de ne pas se représenter. Dans cet article publié le 30 mars dernier, il explique «qu’un déontologue doit être solide pour résister à la contestation interne». Son commentaire sur sa succession est éloquent: « La nomination de mon successeur doit se faire à la majorité des deux tiers, ce qui implique un accord politique, aucune formation n’ayant cette majorité actuellement. La négociation n’est pas facile, mais je n’y suis pas associé ».

Quant à l’autre personne, il s’agit de Robert Lafrenière, Commissaire de l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Il continue d’exercer ses fonctions « même si son mandat a pris fin cette semaine ». « Rappelons que Robert Lafrenière s’est porté candidat à sa propre succession. »

Enfin, pour ce qui est des potentielles questions des oppositions, il est probable que le ministre Jean D’Amour soit lui aussi questionné puisque le député de Rivière-du-Loup-Témiscouata a affirmé « qu’il ne connaissait pas le lien «privilégié» qu’aurait entretenu son collègue Sam Hamad avec Marc-Yvan Côté ». L’entreprise Premier Tech au centre des allégations de l’émission Enquête est située à Rivière-du-Loup…

Ajouts: Chronique de Michel C. Auger… Sam Hamad : un départ, mais toujours autant de doutes. Au Journal… « Les ministres Carlos Leitão (Trésor) et François Blais (Capitale nationale) assumeront temporairement les responsabilités de Sam Hamad » (source).

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